Séduits par l'appel à idées "Vivre demain aujourd'hui", une quarantaine d'architectes, paysagistes et designers étaient réunis à Savennes (Creuse)
![Séduits par l'appel à idées](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/5196027.jpeg)
L’avenir du bourg de Savennes est entre de bonnes mains : une quarantaine d’architectes, designers et paysagistes ont répondu à l’appel à idées « Vivre demain aujourd’hui ». Aujourd'hui, samedi, ils se sont immergés dans ce bout de Creuse pour en saisir toutes les particularités et débuter la réflexion sur leur projet.
Ils seront plus d’une quarantaine d’architectes, paysagistes et designers à cogiter ces trois prochains mois pour imaginer Savennes sur le fil rouge « Vivre demain aujourd’hui : (ré) inventer les manières d’habiter à la campagne ».
Lancé en novembre par le CAUE de la Creuse, cet appel à idées dont l’objectif est de sortir Savennes de son simple costume de commune dortoir, de recréer du lien entre ses habitants, d’imaginer des lieux de rencontre, de partage, d’activités qui concourraient à faire que l’on vivrait mieux ici qu’ailleurs, a séduit quatorze équipes de jeunes professionnels venus de toute la France et même de Belgique. Ils ont fait escale dans la petite commune d’une centaine d’âmes, hier, pour la première étape de travail.
Une première étape in situ pour mieux comprendre les enjeux du projet« On est agréablement surpris par le nombre de participants et par leurs villes d’origine, confie Marin Baudin, paysagiste conseil du CAUE. On a des équipes qui viennent vraiment de toute la France, du Havre, de Bordeaux, Lyon, Bayonne, Paris, de Bruxelles même ! ». Il est vrai que le bourg n’aura jamais connu autant de jeunes professionnels de l’aménagement et du bâtiment au mètre carré !
La journée était l’occasion pour eux de faire connaissance avec les lieux, les élus, les habitants, les parties prenantes du projet et la Creuse plus généralement, son paysage naturel, humain, économique, social, historique, associatif, culturel. « L’idée, c’est qu’ils s’imprègnent du lieu, du contexte local, pour qu’ils puissent repartir avec vraiment le maximum d’informations pour pouvoir travailler à partir de maintenant et pendant trois mois sur le projet », explique Marin Baudin.
Le Cercle Condorcet, la Fédération des œuvres laïques de la Creuse, les élus de l’Agglo en charge de la transition énergétique et de l’insertion sociale par l’économie et les élus de Savennes ont longuement dressé le portrait d’une Creuse qui innove tout en ne reniant jamais son histoire, qui a souvent et depuis toujours, été à l’avant-garde de beaucoup de projets, des valeurs qui la traversent, de ses atouts mais aussi de ses difficultés et d’une commune qui est à son image. Pleine de ressources et tournée vers un avenir attractif qui saura ne pas la défigurer.
Mieux comprendre le territoire pour mieux penser le futur projetUne trame qui a permis à chacun de s’emparer de clés de compréhension du territoire qui vont pouvoir nourrir et dessiner des projets pour Savennes. La visite des lieux a ensuite permis de prendre en compte la géographie du bourg autour de la salle des fêtes, ses abords et les parcelles qui peuvent accueillir des aménagements dans le bourg. Et de déjà, pouvoir imaginer comment pourrait souffler une seconde vie sur cette salle des fêtes centrale mais sous-exploitée et faire en sorte qu’elle devienne un lieu de vie et de rencontre entre les habitants.
Co-construire un éco-quartier avec les habitants à Saint-Fiel (Creuse)
Sans oublier que les porteurs d’idées auront un compagnon de travail qui leur servira de socle à penser et à faire, le Manifeste pour une frugalité heureuse et créative, qui ouvre à une nouvelle conception de l’aménagement des territoires et des constructions, soucieuse d’écologie, d’économies dans tous les sens du terme et fait appel à l’intelligence collective.
Rendez-vous est donc donné fin mai, début juin pour sélectionner le ou les meilleurs projets de ces quatorze équipes. « La commune s’engage à reprendre les idées de ce ou ces projets, explique Marin Baudin. Est-ce qu’il sera réalisé tel quel ? Ce sera sans doute difficile, parce que ce qui sera proposé le sera certainement à une phase d’esquisse ou d’avant-projet mais le but, c’est d’avoir suffisamment d’éléments pour accompagner ensuite la commune, qu’elle puisse réaliser tout ou partie d’un projet ou de plusieurs projets. » Sans se priver également de picorer dans les autres belles idées qui auront fleuri pour nourrir son projet.
(*) Pour en savoir plus sur le Manifeste : www.frugalite.org/fr/a-propos.html.
Ce qu'en pensent les participants :Maeva, architecte sur Clermont-Ferrand, est originaire de la Creuse : « J’avais déjà un certain attachement sur le lieu et j’avais déjà travaillé sur un appel à idées qui réinterrogeait les modes d’habiter, dans le Calvados. Le format de l’appel à idées, c’est quelque chose que l’on aime bien faire, ça permet de réinterroger notre pratique du métier et le thème de la frugalité était intéressant, tout comme l'ouverture des thématiques que l'on va pouvoir aborder. »
Clarisse, architecte sur Lyon : « C’est comme un retour aux sources de pouvoir travailler dans la ruralité, c’est important qu’il y ait des élus qui se posent autant de questions, qui soient aussi engagés sur ces questions là. C’est très motivant en tant qu’architecte et on a la chance que nos propositions puissent être entendues. La plus grande difficulté, c’est de passer du projet à la réalité et j’espère que tous ensemble, on arrivera à faire quelque chose. »
Alexandre, architecte à Nantes : « Ca vient à la suite du Manifeste de la frugalité que l’on a suivi, lu, signé et ça permet aussi de donner du sens dans notre travail par raport à ce que l’on peut réaliser, parfois, dans cette immédiateté de l’architecture, de prendre un peu de recul. Avoir un appel à idées comme celui-ci, qui est novateur, ça permet de poser questions systémiques sur notre métier, d'alimenter notre pratique. Il y a beaucoup d’élus impliqués dans cette démarche, ça fait du bien de se retrouver et de venir ici. Il y a une véritable émulation collective où on va pouvoir échanger, travailler sur nos idées et pourquoi pas, créer un réseau pour avancer tous ensemble vers cette idée d’architecture frugale et de développement d’une commune. »
Corentin, architecte en Haute-Marne : « J'avais travaillé un mémoire sur ce sujet, mon père est agriculteur et je connais la problématique qui est un peu similaire où j’habite, en Haute-Marne. Ce sujet me tenait à coeur. Pour mon projet de fin de diplome, j’ai travaillé sur un projet similaire, sur une petite commune en Bourgogne où il y avait un appel à idées. J’ai travaillé avec Alexandre pendant un an et demi avec cette commune, et aujourd’hui, il y a des choses qui se font, d’autres qui ne se font pas, mais ils ont bien profité de ce travail étudiant. Là, c’était la même démarche et j’avais envie de me confronter à cela, ça me plait.»