Le chantier du musée de Guéret victime de la liquidation judiciaire de l'entreprise de BTP Lureau
La mairie de Guéret va-t-elle investir dans la patte de lapin ou le fer à cheval ? Après avoir découvert que sa piscine était en état de péril, qu’il y avait des dizaines de kilomètres de trottoirs à refaire, que son réseau de chaleur était perclus de fuites, la nouvelle municipalité doit faire avec l’arrêt d’une grande partie du chantier de l’extension du musée de la Sénatorerie.
Deux mois de travaux en souteC’est mardi, lors de la visite de chantier, que Christophe Moutaud, l’adjoint aux travaux, a découvert que l’entreprise Lureau, qui devait dresser les murs et les escaliers de l’édifice, avait déserté le chantier. Son matériel et ses engins ayant même quitté les lieux.
« Le chantier n’est pas arrêté d’autres entreprises interviennent qui ont deux mois de travaux devant elles », rassure l’adjoint. Il n’empêche que la découverte est soudaine. L’entreprise Lureau ayant été placée, non en redressement judiciaire, mais directement en liquidation le mardi 5 janvier, par le tribunal de commerce de Bourges (son siège social est dans le Cher).
La municipalité doit donc gérer la suite. Et notamment joindre le liquidateur qui a été nommé. Est-ce qu’il peut y avoir une poursuite d’activité qui verrait revenir l’entreprise pour qu’elle continue sa part du chantier ? Est-ce qu’un repreneur se manifestera ? Est-ce qu’il faudra relancer un appel d’offres ?
Trop tôt pour répondre. Un souci de moins : la ville n’a payé que les tranches qui ont été réalisées, pas d’avances qui risquent de n’être jamais réalisées.
Ne pas perdre les aidesMais Marie-Françoise Fournier s’inquiète aussi pour le financement du projet. Pour un budget de 6,2 millions d’euros, ce sont 80 % d’aides diverses qui ont été promises à la Ville.
La maire va bien veiller à ce que certaines ne soient pas rendues caduques par un retard du chantier. Car retard il y aura sûrement. Sa gravité se mesurera sur la durée. La réception des travaux était, en effet, prévue pour le printemps 2022. La réinstallation des collections devant prendre après un temps certain.
Déjà, les élus s’attendent à ce que la réception des clés soit repoussée. D’autant que la Ville s’est rendu compte de quelques malfaçons sur les travaux réalisés par la société Lureau. « Rien de déterminant, visiblement, mais des finitions pas dans les règles de l’art », jauge Christophe Moutaud.
Une des premières victimes de la crise du Covid ?Lureau, une entreprise qui est connue en Creuse et à Guéret. Basée à Préveranges, à la frontière de la Creuse, elle a eu une agence à Guéret. Forte d’une cinquantaine de salariés, elle a fêté ses 50 ans en 2013 et a signé des chantiers remarqués à Guéret comme le conservatoire départemental de musique ou le Pôle domotique à Guéret.
Lureau est-il l’une des premières victimes de la crise que le Covid va entraîner ? Possible. Mais à bien regarder les comptes, l’entreprises qui est en cessation de paiements depuis la mi-décembre a vu son chiffre d’affaires décroître d’année en année. Quand elle affichait 5,3 millions d’affaires de résultat en 2016, elle en avait perdu 40 % en 2018 avec 3,35 millions d’euros.
Ce vendredi, nous avons tenté de contacter le siège de la société à Préveranges, seule une boîte vocale signalant que l’entreprise était en congé a répondu.
Eric Donzé