Le chien de Madame Halberstadt tient notre bonheur entre ses pattes
A la fois drôle et mélancolique, Le chien de Madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (Le Tripode), nous aide à voir l'avenir sous un jour meilleur.
Qui oserait avouer qu'il croit en un chien porte-bonheur ? Qui pourrait même y croire ? C'est pourtant ce que fait, au fil d'un récit plein d'humour et de poésie, le héros du nouveau roman de Stéphane Carlier, Le chien de Madame Halberstadt (Le Tripode).
, de Florence Herrlemann
Il faut dire que la vie n'est pas toute rose en ce moment pour Baptiste. Écrivain, il suit convulsivement les chiffres de vente de son dernier roman... qui ne décolle pas d'un pouce. Et sa compagne, avec lequel il pensait vivre d'amour tendre, vient de le quitter pour un dentiste improbable.
Autant dire qu'il déprime dur ! Au point de renouer des liens de réconfort autant que d'agacement avec sa maman, toujours pas remise d'avoir été quittée par un mari ayant viré sa cuti. A 40 ans, il y a plus réjouissant !
Un chien peut changer la vieJusqu'au jour où sa voisine Madame Halberstadt lui demande un service : prendre soin de son chien Croquette le temps d'une courte hospitalisation. Baptiste d'abord rechigne, mais très vite d'étranges choses se produisent...
Sa douce et chère Maxine ne lui revient pas, éplorée et plus éprise que jamais. Mais il semble que rien n'aille plus si bien entre elle et son dentiste. Et les ventes de son livre sur Amazon grimpent en flèche. Des commentaires élogieux fleurissent même, boostant l'ego bien faiblard de notre homme.
Sans compter la belle Lois qui entre dans sa vie comme un coup de vent rafraîchissant. Et tout ça, grâce à Croquette ! Car c'est de lui dont elle lui parle d'abord et c'est pour lui qu'elle propose à Baptiste de le revoir. Et tout ainsi s'illumine dans la vie de ce triste sire, empâté, blasé, blessé.
La magie d'une rencontreMême, l'inspiration lui revient ! Sans faiblir, il se lance dans l'écriture d'une nouvelle que, sans coup férir, il envoie par la Poste... à Fanny Ardant. N'ayons plus peur de rien !
Sur de sa chance, il s'ouvre à la vie, à la beauté des choses, à la bonté des autres, à la frivolité et à la douceur des jours, plein d'audace et de courage. Il ose enfin aller à l'essentiel, ouvrir les yeux sur son quotidien et laisser parler ses désirs.
En quelques minutes, quelques secondes, même, je me réappropriai le plus grand des plaisirs. Ecrire. Revisiter le monde des rêves à cinq heures de l'après-midi. Attraper les mots, les soupeser comme des tomates au marché. Parler avec son ventre autant qu'avec sa tête. Tout lâcher et tout contrôler à la fois. Dire. Dire la vérité. Raconter au plus près, au plus vrai, la folie de ce monde, sa cruauté et sa drôlerie. Faire comme si tout cela avait un sens.
On s'en doute : comme dans toute formule magique, rien ne se passe tout à fait comme prévu. Des embrouilles, des quiproquos, quelques manigances viennent ponctuer l'aventure. Jusqu'au plus fou des dénouements.
Mais l'entrain qui gagne le récit, l'optimisme qui gagne peu à peu le héros, les fenêtres qui s'ouvrent, la folie parfois qui secoue son petit monde font du roman de Stéphane Carlier une lecture savoureuse et réjouissante. Drôle et cruelle, comme la vie, avec le piment de la fantaisie et de l'espoir en plus.
Blandine Hutin-Mercier
Le chien de Madame Halberstadt, de Stéphane Carlier (Le Tripode) ; 176 pages, 15 €.