Sommés de quitter leur camp en dur, des Roms de Bobigny saisissent la justice
Sommées de quitter le campement en dur où elles s'étaient installées en 2012 avec l'accord de la mairie de Bobigny, des familles roms ont saisi les justices française et européenne, ont-elles expliqué mardi lors d'une conférence de presse.
Mi-mai, le maire UDI de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Stéphane de Paoli, a mis en demeure par arrêté les quelque 200 occupants de quitter ce camp situé au bord d'une nationale, invoquant des risques d'incendie et des "atteintes à la salubrité".
Située sur une ZAC, la parcelle doit accueillir un programme de près de 200 logements, dont les travaux doivent débuter en juillet.
"En 2014, après notre arrivée aux affaires, nous avons rencontré les deux associations chargées d'aider à l'insertion des occupants" et proposé un délai de six mois avant le démantèlement du campement, prévu pour juin 2015, argumente-t-on à la mairie de Bobigny. "Mais rien n'a été fait : on est passé de 90 personnes à plus de 200."
Pour l'avocate qui défend les familles, Tamara Lowy, "il n'y a pas de danger établi et les conditions sont les mêmes qu'au début". "C'est une mesure disproportionnée, on ne vire pas du jour au lendemain des gens qui sont là depuis quatre ans, qui ont un emploi, des enfants scolarisés", s'est-elle insurgée mardi.
Saisi en référé, le tribunal administratif de Montreuil examinera ce dossier le 7 juin.
En parallèle, l'avocate a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme. La juridiction "a interrogé le gouvernement pour savoir à quelle date et selon quelles modalités l'expulsion est prévue, et quelles mesures seront prises pour protéger les personnes les plus vulnérables en cas d'expulsion. L'Etat français a jusqu'à demain (mercredi) à 16H00 pour répondre", a indiqué Me Lowy.
Muntan Pertus vit depuis quatre ans, avec femme, enfants et petits-enfants, dans ce camp où des Roms ont bâti des maisons en dur, autour de caravanes. Fièrement, il fait visiter les bungalows qui abritent les sanitaires communs et son salon au mobilier flambant neuf. "On comprend qu'il y ait un projet, qu'on doive bouger, mais on n'a nulle part où aller", dit ce sexagénaire venu de Roumanie.
A la mairie de Bobigny, on estime que "la responsabilité de ces gens revient désormais à l'Etat". "Nous avons pris notre part, versé 15.000 euros par mois aux associations, payé plus d'un million et demi d'euros par an pour l'eau et l'électricité, relogé en 2015 deux familles et un jeune", affirme la municipalité.