Migrants: opération "coup de poing" à Nice pour réclamer un hébergement
Environ 80 migrants, accompagnés de bénévoles de la vallée franco-italienne de la Roya, se sont rassemblés dans un parc de Nice mercredi pour réclamer un hébergement d'urgence et le traitement de leurs demandes d'asiles, avant d'être évacués pacifiquement.
A la frontière franco-italienne, le nombre de migrants est en forte hausse depuis janvier, de même que les accidents mortels. La SNCF dénombre 4 morts et 2 blessés par électrocution entre Vintimille et Cannes, sans compter les accidents sur les voies, et déplore "une situation très compliquée".
Les deux dernières victimes sont des migrants qui s'étaient cachés dans une armoire électrique et ont été retrouvés morts électrocutés en gare de Cannes-La Bocca, respectivement samedi et mardi.
Accompagnés par des militants de l'association Roya Citoyenne, 80 hommes - essentiellement originaires du Soudan, Tchad et Erythrée -, ont pris le train mercredi matin à Breil-sur-Roya pour se rendre à la Plateforme d'accueil des demandeurs d'asile (Pada), à Nice.
"Vingt-cinq migrants ont vu leurs demandes traitées en urgence et les autres ont rendez-vous vendredi", a indiqué à l'AFP un de leur soutien, Félix Croft, récemment relaxé par la justice italienne alors qu'il était poursuivi pour avoir pris en stop une famille soudanaise au péage de Vintimille.
"Au Pada, on enregistre leurs demandes mais il y a un mois d'attente", a précisé Cédric Herrou, le militant le plus connu de Roya Citoyenne. L'oreille vissée au portable, il tentait de joindre la préfecture qui, dit-il, "doit ouvrir un centre d'accueil et d'orientation (CAO) ou les dispatcher ailleurs et leur fournir un hébergement".
"Ca déborde, ce ne sont pas aux citoyens de s'occuper des migrants", plaidait de son côté une sympathisante de Roya Citoyenne, Carine Jio, évoquant le cas d'"un ami qui en héberge dix dans son deux-pièces" et une situation "catastrophique" dans la vallée.
Dans l'après-midi, les migrants se sont installés au parc Estienne d'Orves, surveillé par la police, mais n'avaient pas d'autorisation pour s'installer après la fermeture.
Eric Ciotti, président LR du conseil départemental, candidat aux législatives, a dénoncé dans un communiqué "un coup de force inadmissible" et exigé l'évacuation du parc. "Est-ce que cet épisode traduit un changement de politique de contrôle des frontières de la part du nouveau gouvernement Macron?" a-t-il attaqué.
Le maire de Nice Christian Estrosi (LR rallié à Macron) a dénoncé "cette nouvelle provocation de Cédric Herrou qui persiste dans l'illégalité", sur Twitter.
Cédric Herrou, agriculteur bio de Breil-sur-Roya devenu le symbole de l'aide aux migrants dans la région, a été condamné en première instance à une amende avec sursis pour avoir aidé jusqu'à 200 clandestins. Il doit être rejugé en appel en juin.