BD: Angoulême veut faire oublier les couacs de la dernière édition
A Angoulême, on ne parlera que de bande dessinée, ont promis les organisateurs du 44e festival international de la BD qui débute jeudi, un an après une édition calamiteuse, accusée de misogynie et menacée de boycott.
Contrairement à l'an dernier où la sélection initiale ne comportait aucune oeuvre réalisée par une femme, de nombreuses auteures dont Catherine Meurisse ("La légèreté", Dargaud) ou la Sud-Coréenne Ancco ("Mauvaises filles", Cornélius) figurent cette année dans la sélection officielle.
On trouve aussi parmi les dix finalistes en lice pour le Fauve d'Or, des auteurs chevronnés comme Martin Veyron ("Ce qu'il faut de terre à l'homme", Dargaud), Emmanuel Guibert ("Martha & Alan, d'après les souvenirs d'Alan Ingram Cope", L'Association), Daniel Clowes ("Patience", Cornélius). On compte également de nouveaux talents dont Mathieu Bablet ("Shangri-La", Ankama), Néjib ("Stupor Mundi", Gallimard BD), Antoine Marchalot ("Histoires croûtes", Les Requins marteaux) ou encore Éric Lambé et Philippe de Pierpont ("Paysage après la bataille", Actes Sud/Fremok).
Le manga est représenté par Minetarô Mochizuki ("Chiisakobé, tome 4", Le Lézard noir)
Le grand jury qui décernera samedi soir le Fauve d'Or du meilleur album de bande dessinée de l'année est présidé par la Britannique Posy Simmonds, 71 ans, une des maîtres du roman graphique, auteure notamment de "Gemma Bovery" ou "Tamara Drewe".
Au total, 66 albums, représentant tous les genres, sont en lice pour les différents prix du festival. Outre le Fauve d'Or, le grand jury doit décerner un prix spécial, le prix de la série et le prix de la révélation. Il y aura également le prix jeunesse, le prix du patrimoine et le prix polar-SNCF.
- Hommage à Goscinny -
Dès mercredi soir, on connaîtra le nom du lauréat du grand prix de la ville d'Angoulême. Trois auteurs sont en lice: le Suisse Cosey, le Français Manu Larcenet et l'Américain Chris Ware. Le lauréat présidera la prochaine édition du festival en 2018.
C'est mercredi également que doit être inauguré, sur le parvis de la gare d'Angoulême, un obélisque en l'honneur de René Goscinny, le génial scénariste disparu il y a juste 40 ans. Haut d'environ six mètres et pesant sept tonnes, ce monument est truffé de citations et formules inventées par Goscinny dont le célèbre: "Ils sont fous ces Romains".
Curieusement, le scénariste d'Astérix, de Lucky Luke et d'Iznogoud n'avait jamais été honoré -y compris à titre posthume- par Angoulême.
Trois autres anniversaires seront également fêtés cette année: les 50 ans de la série Valérian et Laureline de Christin et Mézières (avant la sortie en juillet d'un film de Luc Besson), le 100e anniversaire de Will Eisner, créateur du Spirit, ancêtre des super-héros de BD et les 60 ans de Gaston Lagaffe (déjà célébré au Centre Pompidou à Paris).
Plusieurs expositions sont également à l'affiche dont une grande rétrospective consacrée à l'oeuvre du Belge Hermann, 78 ans, grand prix de la ville d'Angoulême l'an dernier et qui au cours de ses 50 ans de carrière a réalisé quelque 136 albums dont les séries "Comanche" et "Jeremiah". Un nouvel album, "Duke" (Le Lombard), premier d'une nouvelle série, sortira vendredi.
Parmi les invités de marque, il y a le Chinois Rao Pingru qui, à 95 ans, vient de publier "Notre histoire" (Seuil), un livre qui n'est ni vraiment une BD, ni un roman mais un ouvrage hybride et surtout magnifique.
La bande dessinée reste une manne pour les éditeurs. Quelque 5.000 nouveautés et nouvelles éditions ont été publiées en 2016, soit près de 7% de la production éditoriale globale sur le marché français.