Le chef d'orchestre Jordi Savall en concert dans la "Jungle" de Calais
Le chef d'orchestre espagnol Jordi Savall a donné samedi un concert dans la cour du centre Jules Ferry, centre d'hébergement attenant à la "Jungle" de Calais, devant une centaine de personnes, a constaté un correspondant de l'AFP.
Rendu célèbre en France pour avoir assuré la direction musicale du film "Tous les matins du monde", l'Espagnol était entouré de cinq musiciens (Syrien, Turc, Bulgare, Grec et Israélien).
L'artiste catalan a interprété avec un "rebab", un instrument à corde, des airs traditionnels de Bulgarie, d'Espagne, du Maroc, de Turquie, et des chants syriens et libanais.
"C'est merveilleux de voir que dans la détresse, dans le désespoir, il reste cette lumière. Il reste cette chaleur humaine et ça, ça fait penser qu'ils méritent mieux que ça", a-t-il déclaré au centre de jour Jules Ferry.
Ismaël, Afghan de 30 ans qui vit dans un bungalow du Centre d'accueil provisoire (CAP), s'est joint spontanément à la formation de Jordi Savall avec son instrument, un dambura.
"La musique nous permet de retrouver le sourire. Ismaël est un passionné de musique et a toujours gardé sa dambura, même pour l'emmener en Angleterre, ce qui n'est pas facile pour tenter de passer à bord des camions et des bateaux...", a déclaré un ami d'Ismaël, Fazal, avec qui il est arrivé via la Turquie à Calais voici trois mois.
A la fin du concert, Ismaël a interprété en solo avec sa dambura un air de musique traditionnelle de son pays natal et il a été suivi par Jordi Savall et ses musiciens.
Cette formation improvisée a reçu une ovation du public, composé de migrants, de représentants de la Vie active (association gestionnaire du CAP et du centre Jules Ferry) et de nombreux journalistes.
En fin d'après-midi, Jordi Savall était en train de donner un deuxième concert à la Halle, dans le centre-ville de Calais, où de nombreux Calaisiens sont venus l'écouter. Il a notamment annoncé que son nouveau "compagnon de chant" Ismaël devait le rejoindre sur scène.
Entre 5.000 migrants, selon les associations, et 3.500, selon la préfecture du Pas-de-Calais, vivent actuellement dans la "Jungle" de Calais et ses alentours.