Catalogne: l'investiture du président bloquée par les divisions entre indépendantistes
Les indépendantistes ont échoué mardi soir à s'accorder sur le nom du prochain président de la Catalogne (nord-est de l'Espagne), les plus à gauche refusant de valider la candidature du sortant, Artur Mas, et bloquant ainsi le "processus" séparatiste.
M. Mas, au pouvoir depuis fin 2010, a obtenu les 62 voix de sa coalition Junts pel si (Ensemble pour le oui). La CUP (candidature d'unité populaire, extrême gauche indépendantiste) a cependant voté contre lui (dix voix) avec l'ensemble des partis favorables au maintien de la Catalogne dans l'Espagne (63).
Le porte-parole de la CUP, Antonio Bañosk, a souhaité un gouvernement de compromis, peut être en trouvant un autre candidat.
La CUP reproche à Artur Mas sa politique d'austérité, très peu en accord avec sa vision révolutionnaire. Autre grief: le parti d'Artur Mas, CDC, est accusé d'avoir bénéficé de marchés publics truqués et son trésorier est en prison.
M. Mas est aussi logiquement rejeté par les adversaires de l'indépendance, qui l'accusent de la fuite en avant séparatiste en Catalogne (7,5 millions d'habitants, 20% du PIB de l'Espagne, mais lourdement endettée et avec un taux de chômage de près de 20%).
"Vous avez renoncé à faire de la politique pour vous installer dans la propagande. Vous, cela fait longtemps que vous ne faites rien pour améliorer les conditions de vie en Catalogne", lui a lancé au parlement régional l'élue Inès Arrimadas, de Ciudadanos (centre droit), principale force d'opposition et dont le cheval de bataille est justement le maintien en Espagne.
D'autres tours de scrutin doivent avoir lieu dans les jours qui viennent. Les indépendantistes ont jusqu'au 9 janvier pour s'accorder sur le futur président, soit après les législatives du 20 décembre en Espagne, dominée par la "question catalane".
Faute d'accord, ils devront organiser de nouvelles élections sans avoir commencé à mettre en oeuvre leur "feuille de route" séparatiste.
Le parlament régional a voté lundi la première étape de celle-ci, une résolution déclarant le lancement du processus visant à séparer la Catalogne de l'Espagne en 2017 que devra mettre en oeuvre le futur président.
Mercredi le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy devrait saisir la Cour constitutionnelle pour contester cette résolution.