Des femmes descendent dans la rue à La Chapelle-Pajol à Paris pour dénoncer le harcèlement de rue
PARIS - "On va sortir des chaises, on va s'installer". Des habitantes du quartier La Chapelle-Pajol, dans le 18e arrondissement de Paris, entendent manifester ce samedi 20 mai, à partir de 19 heures, pour réinvestir l'espace public "devant chez (elles)", ont-elles confié à BFMTV. Elles dénoncent l'insécurité croissante et le harcèlement de rue dont elles sont victimes.
Les associations "SOS La Chapelle" et "Demain La Chapelle" ont initié le mouvement de grogne en lançant vendredi une pétition en ligne pour alerter les autorités. Intitulée "Les femmes, espèce en voie de disparition au cœur de Paris", elle dénonce les "insultes", les "vols à la tire", les "crachats", "l'odeur entêtante d'urine", les "trafics" qui rythment la vie dans ce quartier du nord-est parisien.
"Dès 16 heures, des dizaines d'hommes de 15 à 22 ans squattent mon hall d'immeuble pour dealer et je dois baisser les yeux: c'est devenu invivable", confie ainsi Laurence au Parisien. "Ma fille de 17 ans est continuellement harcelée, poursuit Nadia. Maintenant, quand elle sort du métro, elle fait semblant de téléphoner pour éviter d'être abordée ou ne pas affronter les regards insistants".
Paris propose un plan d'action
Signée par plus de 12.000 personnes en 48 heures, la pétition a su attirer l'attention. La ville de Paris et la préfecture de police ont reconnu vendredi "un sentiment d'insécurité" pour les femmes dans le quartier Pajol, et dit y avoir déployé "un dispositif dédié" pour remédier à ce "harcèlement de rue".
"Le quartier de Pajol fait partie des zones prioritaires. Des situations de harcèlement de rue à l'égard des femmes y ont été constatées. Si les femmes ne sont pas 'interdites' de circuler, il existe bel et bien un fort sentiment d'insécurité", dit un communiqué de la mairie.
Le plan d'action proposé par la ville se traduira "à court terme, par une augmentation importante des contrôles de police, tout au long de la journée", et à moyen terme, par "des actions de sensibilisation à l'attention des commerçants et des acteurs locaux pour qu'ils contribuent à prévenir et à alerter sur tout acte troublant l'ordre public".
Par ailleurs, la Ville de Paris et la mairie d'arrondissement vont "initier une marche exploratoire dans le quartier", avec des riveraines, pour mettre en oeuvre des propositions.
@Paris@prefpolice@EricLejoindre Avec @prefpolice, notre volonté est claire : dès les prochains jours, de premiers résultats doivent être visibles. #Pajol
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 19 mai 2017
Des contre-manifestants dénoncent "une manipulation raciste"
La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse s'est même rendue vendredi après-midi à un rassemblement de femmes pour "écouter le témoignage poignant des habitants de la Place de la Chapelle", a-t-elle annoncé sur Twitter. "J'en appelle au Président de la République! #insécurité", a-t-elle ajouté.
Je suis venue écouter le témoignage poignant des habitants de la #placedelaChapelle. J'en appelle au President de la République! #insecuritéhttps://t.co/P6nmvCPrQC
— Valérie Pécresse (@vpecresse) 19 mai 2017
Des contre-manifestants se sont par ailleurs invités au rassemblement parisien vendredi après-midi pour dénoncer "une manipulation raciste", selon les témoignages rapportés par Le Parisien. Parmi eux, des militants engagés auprès des migrants installés dans le quartier, qui lisent entre les lignes de la pétition une stigmatisation de certaines populations.
Des habitants de la #Chapelle, venus dénoncer l'insécurité et le #harcelementderue des femmes, traités de racistes par des militants pic.twitter.com/PkuSDLLcuj
— Jonathan Moadab (@Jonathan_RTfr) 19 mai 2017
"Bravo le fascisme de gauche !" Des riverains de la #Chapelle agacés d'être traités de racistes pour avoir dénoncé le #harcelementderuepic.twitter.com/AgPNMkNwRm
— Jonathan Moadab (@Jonathan_RTfr) 19 mai 2017
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