Mine de lithium dans l'Allier : A Échassières, une batterie de questions anime le débat public
Après Moulins et Gannat, un débat public sur le projet d’exploitation d’une mine de lithium s’est déroulé, mardi soir, à Echassières, charriant ses interrogations sur les impacts environnementaux et économiques.
À elle seule, la commune serait destinée à accueillir la mine d’extraction du granite de Beauvoir et l’usine de concentration visant à séparer de cette roche le mica lithinifère pour produire le lithium. Au vu de ces multiples enjeux, le public présent mardi soir, au centre socioculturel, à Échassières, avait une batterie de questions à poser au porteur de projet Imerys.
Exploitant déjà le site en surface pour le kaolin, la société concasserait le minerai en souterrain « pour limiter les bruits » et contribuerait à l’horizon 2028, au terme d’une chaîne de production faisant, notamment, étape à Saint-Victor pour l’usine de conversion, à équiper l’équivalent de 700.000 véhicules électriques chaque année.
Explosifs et excavationsDans les profondeurs du site d’Échassières, les espaces seraient excavés puis remblayés. Un point qui a soulevé de multiples interrogations sur l’eau, l’environnement et le bâti environnant : « L’usage quotidien d’explosif ne risque-t-il pas de détériorer les réparations de colmatage des fissures et de fragiliser l’étanchéité du massif ? », a demandé un spectateur.
« On aura un remblaiement, avec une pâte cimentée qui viendra combler l’entièreté de la chambre d’excavation, a expliqué Christopher Heymann, directeur du site des kaolins de Beauvoir. Cela limite largement les infiltrations. Et on aura, dans les galeries, un suivi par drones. Ils nous avertiront des arrivées d’eau imprévues. On pourra réinjecter à ce moment-là. »« Nos maisons sont à 300 m de la mine, a ajouté une habitante. Ne risquent-elles pas de fissurer ? » Des sismomètres doivent concourir au contrôle des vibrations sur le site d’exploitation, avec des seuils à ne pas dépasser. « On a des normes applicables, a souligné Lionel Labeille, chef de l’unité interdépartementale Cantal Allier Puy-de-Dôme à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal). Les relevés des exploitants comme Imerys sont régulièrement comparés à nos critères. »
RTE, le gestionnaire du réseau public de transport d’électricité, s’engage à aménager une liaison souterraine de 14 km pour raccorder la mine et son usine au poste source de Bellenaves. Un sujet sur lequel les élus de cette commune voisine d’Échassières sont revenus lors du débat, des projets photovoltaïques se dessinant à Charroux et à Bellenaves avec des besoins de raccordement futurs.
Poste source à Bellenaves« Notre poste source est déjà embouteillé », ont plaidé ces élus bellenavois qui redoutent que ces projets puissent rencontrer à terme des difficultés d’exploitation. « Ce poste sera augmenté, a indiqué RTE. On va rajouter un transformateur. Si demain il faut raccorder de nouvelles installations, on renforcera pour assurer cette garantie d’alimentation au point local à Bellenaves. »
Sujet à débat, aussi, celui de l’empreinte socio-économique du projet, le maître d’ouvrage devant notamment verser une redevance annuelle à la commune où seraient implantées la mine et l’usine de concentration. En l’occurrence, Échassières. Des retombées économiques dont la communauté de communes et des villages comme Bellenaves souhaiteraient également pouvoir bénéficier « pour améliorer [leurs] services ».
Code minierCette réglementation pourrait évoluer dans les mois à venir, puisque le code minier est en cours de révision. « La répartition de la redevance est archaïque et la réglementation ancienne, a concédé la Dréal. L’idée est de valoriser mieux les territoires sur lesquels une mine est en exploitation. Les travaux devraient aboutir en 2024-2025 et être opérationnels pour l’ouverture de la mine. »
« Soixante euros par tonne d’oxyde de lithium, c’est risible », a déclaré une intervenante membre de l’association Préservons la forêt des Colettes en évoquant le chiffre publié dans le dossier du maître d’ouvrage.
« Cette redevance à la tonne est associée à une redevance à la surface qui n’est pas développée dans le dossier », a ajouté Fabrice Frebourg, directeur environnement et permis. Les organisateurs prévoient de préciser ces éléments sur la plateforme du débat public.
Texte Estelle DissayPhotos François-Xavier Gutton