Jean-François Rial (Voyageurs du monde) : « Le Cantal dans mon Top 3 mondial des plus belles destinations »
Originaire du Cantal, où il possède un buron, le PDG de Voyageurs du monde ne tarit pas d’éloges sur le département qu’il place dans son « top 3 » mondial. L’Auvergne a des atouts, mais doit progresser sur l’hébergement, dit-il.
Jean-François Rial est le président-directeur général du groupe Voyageurs du monde, qui regroupe plusieurs sociétés (dont Chamina, installée à Clermont) et est spécialisé dans l’organisation de voyages individuels et de voyages d’aventure. Il est aussi, depuis quelques mois, président de l’office de tourisme de Paris.Né en Charente « par hasard », il est fier de dire que « toute (sa) famille est originaire du Cantal ».
Quel impact a eu le Covid sur Voyageurs du monde ?
"L’activité a baissé de 80 %. Comme nous avons des réserves importantes, nous ne sommes pas en difficulté. Mais notre filiale auvergnate, Chamina Voyages, est la seule à ne pas avoir connu de pertes en 2020. Et nous espérons que la destination Auvergne va marcher à nouveau très fort cet été."
Quels sont les retours de vos clients partis en Auvergne ?
"Ils disent que c’est un terrain de jeu fantastique, avec des paysages somptueux. Ce qui manque, c’est l’hébergement. Chez Voyageurs du monde, nous sommes obligés de vendre la destination Auvergne avec d’autres (comme Auvergne-Dordogne) en raison de ce manque d’hébergement. C’est le souci des régions enclavées comme l’Auvergne qui ont des choses fantastiques à montrer, mais qui doivent trouver un modèle économique rentable sur peu de mois de l’année."
Voir cette publication sur Instagram
Que préconisez-vous ?
"On ne peut pas trop développer l’hôtellerie à cause de la saisonnalité du tourisme en Auvergne, il faut donc développer chez l’habitant. Mais avec un niveau de service proche d’un hôtel. J’ai proposé au département du Cantal une grande opération public-privé qui consisterait à restaurer les burons pour en faire des gîtes d’étape pour les randonneurs. Il faut trouver les partenaires, aller voir les propriétaires fonciers, en parler avec les agriculteurs. Ce n’est pas simple, mais on ferait un carton : il y a un grand potentiel. Après avoir parcouru le monde entier, je vous le dis : le Cantal reste dans mon Top 3 avec l’Égypte et l’Italie."
L’accessibilité n’est-elle pas aussi un problème ?
"Je pense que les gens sont prêts à faire un effort s’il y a les hébergements. La priorité, ce ne sont pas les transports, c’est l’hébergement."
Sitôt élu président de l’OT de Paris, vous avez dit souhaiter arriver à mieux répartir le tourisme à Paris. Comment ?
"Pour y arriver, il faut faire deux choses en même temps. 1. Montrer les endroits alternatifs : à Paris, il faut montrer les rues sympas du 19e et 20e qui sont les quartiers branchés d’aujourd’hui.
En France, il faut montrer le Cézallier, personne n’y va alors que c’est sublime et tout le monde va aux Baux de Provence. C’est ce qu’on a fait chez Voyageurs du monde : quand ils se rendaient aux États-Unis, les gens allaient tous à New York et aux Grands Parcs. On leur a montré l’Ohio, le Nouveau-Mexique, le Wyoming, qui sont sublimes. Et aujourd’hui, les trois quarts de nos clients sortent des grands spots.
Donc, ça marche. Les touristes étrangers n’ont pas besoin de vous pour savoir que les vignobles bordelais, la tour Eiffel et la cathédrale de Chartres existent. Sur mon compte Instagram, la photo la plus likée est celle de mon buron dans le Cantal?!"
Et la deuxième chose ?
"Dans les sites très fréquentés comme la tour Eiffel, le Louvre ou le Mont Saint-Michel, il faut élargir. Dites aux gens : allez au mois de janvier au mont Saint-Michel, vous n’aurez personne. Même dans le Cantal, on arrive à avoir du surtourisme, même si c’est sur quelques jours en août : tout le monde va au puy Mary alors que, juste à côté, vous avez le puy Chavaroche où il n’y a pas un chat et qui est sublissime."
Propos recueillis par Laurent Bernard