Les maires d'Aubusson et La Souterraine (Creuse) prennent un arrêté autorisant les commerces non-alimentaires à rouvrir
Le maire d'Aubusson, Michel Moine, a pris ce vendredi un arrêté autorisant tous les commerces du centre-ville à rester ouverts durant le nouveau confinement. Y compris ceux non-alimentaires.
Le reconfinement décrété par les autorités pour une durée d'un mois à compter du vendredi 30 octobre prévoit la fermeture des commerces non-alimentaires sur l'ensemble du territoire national. Mais Michel Moine, à Aubusson, fait partie des maires qui ont décidé de s'y opposer avec un arrêté municipal.
Il porte sur le maintien du commerce en centre ville et ce pour une durée de quatre semaines, c'est-à-dire celle du confinement. Commerce alimentaire mais aussi « habillement, chaussures, décoration, arts de la table, jouets, cadeaux de Noël, fleurs, livres... »
La notion de première nécessité en questionL'élu appuie ainsi sur ce qu'il considère être une incohérence : les grandes surfaces restent ouvertes au titre de la première nécessité alors qu'elles vendent aussi ces produits là. Cela suggère, estime-t-il, que ce sont des produits de première nécessité également. Ou si tel n'est pas le cas, alors les grandes surfaces doivent cesser de les vendre.
Municipales à Aubusson, 2ème tour à la mairie, élection de Michel Moine
Cette dernière option étant peu probable, le maire a donc décidé d'agir avec ses moyens, c'est à dire le pouvoir de police qu'il détient dans sa commune. « Je conteste que la charge de la responsabilité de l’épidémie soit à ce point supportée par le commerce de proximité. Où est l'équité de traitement pour eux, face à la grande distribution », assène-t-il.
M. Moine précise comprendre les « motivations de santé publique qui ont conduit au reconfinement » et rappelle l'importance de tous les gestes barrières. Mais il considère que ceux-ci sont tout à fait respectés dans les commerces qu'il défend.
« J'ai constaté depuis le déconfinement combien les commerces traditionnels étaient respectueux des protocoles sanitaires. J'attends qu'on me démontre qu'ils auraient pu être à l'origine de contaminations, écrit-il. J'ai plutôt entendu l'ARS de la Creuse nous parler de contaminations en entreprises, dans des Ehpad, dans les réunions d’après match, dans des manifestations familiales ou associatives. Mais pas dans des commerces de centre-ville »
Alors pourquoi rajouter de la difficulté aux difficultés ? Pourquoi en faire les victimes expiatoires d'une situation dont ils ne sont ni les auteurs, ni les responsables ?
La décision du maire d'Aubusson n'est pas isolée. D'autres maires en France ont déjà pris un arrêté similaire dès ce vendredi. C'est notamment le cas à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), Migennes (Yonne) ou Les Herbiers (Vendée).
La Souterraine décide aussi de rouvrir ses "non essentiels"commerce,commerces la SouterraineEn fin de journée, d'ailleurs, on apprenait que l'initiative d'Aubusson avait fait des émules en Creuse : le maire de La Souterraine, Etienne Lejeune, à son tour, a publié une arrêté autorisant "les commerces non-alimentaires sur le territoire de la commune à rester ouverts à compter du 30 octobre 2020 et ceci jusqu'à ce que l'égalité de traitement soit rétablie".
Et l'édile de revenir, dans un communiqué, sur cette notion de "rupture d'égalité : dans les choix actuels du gouvernement, il n'est pas soutenable de constater une telle rupture entre commerce local et grande distribution". Et d'indiquer que son arrêté permettant aux "non-alimentaires" de rouvrir sera valable jusqu'à temps que "les grandes surfaces continueront de proposer des articles non alimentaires".
POLITIQUE Installation conseil municipal de La Souterraine, maire Etienne Lejeune, le 28-05-2020, espace Yves-Furet ETIENNE LEJEUNEEn outre, pour soutenir le commerce de proximité, la municipalité de La Souterraine a décidé de prolonger l'opération "bons d'achat" distribués aux ménages sostraniens pour qu'ils consomment dans les boutiques de la ville : lancée le 1er octobre, elle devait durer jusqu'au 20 décembre et sera poursuivie sur deux mois pleins.
Floris Bressy et Eric Donzé floris.bressy@centrefrance.com