Ecoles ouvertes, commerces fermés, culture à l'arrêt : les premières réactions au reconfinement dans le Puy-de-Dôme
Le président de la République a confirmé, ce mercredi 28 octobre, l'instauration d'un confinement à partir de vendredi 30 octobre et ce jusqu'au 1er décembre. D'un secteur à l'autre, l'annonce, même attendue, fait réagir.
Les Puydômois n'ont pas attendu l'allocution du président de la République pour prendre leurs précautions. Ils étaient nombreux, tout au long de la journée ce mercredi 28 octobre, à prendre la direction des rayons des grandes surfaces dans l'éventualité d'un confinement.
Un confinement qui a été confirmé quelques heures plus tard par Emmanuel Macron. Mais qui devrait connaître une version légèrement assouplie en comparaison à ce que nous avons pu vivre au printemps dernier.
Plusieurs mesures doivent être détaillées ces prochaines heures, le président de la République a notamment annoncé que les écoles resteront ouvertes.
Les écoles resteront ouvertesUne nouvelle bien accueillie par les fédérations de parents d'élèves.
« C'est une bonne décision. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu de grands clusters à l'école et que les enfants ne sont pas vecteurs du virus. Surtout, refermer les écoles aurait eu un impact sur la scolarité, sachant qu'ils n'ont pas eu cours pendant presque six mois et que certains ne sont pas remis à flot correctement », estime Sarah Gheeraert, présidente départementale de la FCPE 63.
On mesure les effets du confinement au niveau du travail ou des nouvelles évaluations, qui montrent que la fracture s'est accentuée entre les bons élèves et ceux en difficulté. En termes d'égalité, c'est une bonne décision
Président départemental de la PEEP 63, Hervé Raquin abonde. « On a tous constaté les difficultés rencontrées aussi bien par les enseignants que par les parents d'élèves qui se sont retrouvés à faire cours et en télétravail. Socialement, les enfants vont pouvoir se retrouver, ils ont besoin d'avoir des enseignements même s'il reste plein de question, comme sur le port du masque et les conditions sanitaires qui seraient plus strictes. »
Un certain flou autour des universitésSi les écoles vont rester ouvertes, la situation est plus incertaine sur le front de l'enseignement supérieur et des universités. Président de l'Université Clermont Auvergne, forte de 36.000 étudiants, Mathias Bernard attend « le service après-vente » des prochaines heures. Il se veut malgré tout optimiste.
« Cela laisse des questions en suspens. Il n'a pas dit que les universités allaient fermer contrairement à ce qui a été dit en mars dernier. Là, c'est ce à quoi on s'attendait. Cette décision, je la comprends car elle participe à une politique globale d'inflexion de la courbe qui s'envole. »
On sera attentif à ce que l'on pourra faire sur les populations fragiles. Tous les étudiants ne sont pas égaux. Il y a un risque de décrochage
Avec l'annonce de la fermeture de tous les commerces qui ne sont pas jugés essentiels, le secteur économique sera aussi de nouveau impacté.
« Nous avons évité le pire avec un confinement total »Claude Barbin, président de la CCI Clermont Auvergne Métropole :
« C’est douloureux pour l’économie nationale et locale mais nous avons évité le pire avec un confinement total. Nous avons su tirer les leçons du premier confinement et nous n’avons pas totalement gelé l’économie comme nous l’avions fait. Derrière cela, nous aurons une responsabilité collective pour apporter une vraie réponse aux secteurs qui étaient déjà en souffrance et que nous sacrifions, c’est-à-dire le réseau des TPE, PME, commerçants, artisans… qui subissent des fermetures administratives sans aucune échappatoire. Bien sûr, c’est la vie et la survie qui priment sur l’économie. »
Le président a prononcé des mots terribles : d’abord nous avons perdu une bataille par rapport au virus, ensuite nous sommes submergés. Quand une armée est submergée, soit elle se rend et meurt soit elle se replie pour préparer une contre-attaque.
« Au niveau des CCI, nous resterons combatifs pour épauler les secteurs en souffrance et faire avancer nos préconisations, notamment au niveau de la digitalisation, une technologie fondamentale qui doit être accessible à tous nos territoires »
Jean-Luc Helbert, président de la chambre de métiers et de l'artisanat
« Je suis d’accord pour reconfiner mais de manière équitable. Une fois encore, ce n’est pas le cas. A la veille de la Toussaint, on fait fermer les fleuristes et on laisse les grandes surfaces ouvertes, c’est catastrophique. Je suis certain qu’il y a plus de sécurité dans les petits commerces où on a un à deux clients à la fois que dans les grandes surfaces où les gens s’entassent. Avant les fêtes, avec les gros mois qui arrivent, ce n’est pas possible pour les petits commerçants et artisans… »
Il faut prendre des mesures égalitaires : ne permettre d’ouvrir que l’alimentaire et fermer les autres rayons. La dernière fois déjà, les grandes surfaces se sont gavées et certains petits commerces n’ont pas résisté.
« L’État propose des prêts garantis mais ce sont des emprunts qu’il faut rembourser. Aujourd’hui, nous réclamons une exonération totale des charges sous peine de voir les dépôts de bilan s’aggraver dans les prochains mois. »
Martine Courbon, présidente de l’UMIH 63 (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) : « Le confinement, on s’y attendait. Mais là encore, comme en mars, il faut fermer en 24 heures?! Or, les stocks qui vont rester sur les bras des restaurateurs, personne n’en parle?! C’est débrouillez-vous?! Concernant les loyers, c’est la première fois que le Président évoque ce sujet. Il va falloir trouver une solution pour tous les commerçants car actuellement, on ne peut pas les payer. »
Concernant l’aide financière accordée, « ce n’est rien du tout pour de grosses structures comme des établissements hôteliers avec 70 chambres ou de grandes brasseries. Il nous faut un dialogue avec l’État. »
Des promesses, on en a eues. Maintenant, ils doivent s’organiser pour nous aider sérieusement. Nous avons l’impression que la seule chose à laquelle nous avons droit, c’est l’addition. Et pour nous, elle est salée.
La culture à l'arrêt : « On jette l'éponge »Hervé Lamouroux (directeur de Sémaphore à Cébazat) : « Il faut que l'on éradique ce virus. Au regard des chiffres je crois qu'il n'y a pas beaucoup de solutions. Il faut être à la fois responsable et vigilant vis-à-vis de notre secteur. Nous n'avions que que quatre dates pour notre festival Sémaphore en chanson, là, c'est terminé. Nous ferons un très beau festival l'an prochain. D'ici-là, pourra-t-on reprendre en décembre ? On s'adapte, on est réactif, on fait comme on peut. J'insiste sur le fait qu'il est important qu'il y ait un soutien aux métiers de la culture. Oui, la décision du confinement semble inévitable, mais il faut faire très attention aux techniciens, artistes, etc ; tout le métier. Pour certains c'est déjà très très compliqué. "
Didier Veillault (directeur de la Coopérative de mai) : « On jette l'éponge. Nous avions 21 concerts d'ici la fin de l'année, nous allons appeler tout le monde... On arrête tout. »
Le dernier rendez-vous de l'année pour nous c'est ce jeudi. Nous aurons tout essayé. Nous avions fait des propositions qui collaient aux différents protocoles sanitaires, nous avions même des concerts à 17 ou 18 heures dans le cadre du couvre-feu.
« Nous avions des engagements vis-à-vis des artistes, nous les tiendrons. C'est difficile. C'est une catastrophe mais Il faut être réaliste. Nous sommes dans une situation très difficile, très compliquée. »
Marion Chavot, Julien Dodon, Pierre Peyret et Maud Turcan