Ils font de la prévention aux violences conjugales dans les lycées d'Issoire : comment aborder le sujet avec des ados ?
Delphine Cadieux est directrice de l’association Issoire Santé Insertion Sociale (Isis). Bruno Guizzon est adjudant-chef de la brigade de gendarmerie d’Issoire (Puy-de-Dôme). Depuis trois ans, le binôme mène des actions de prévention aux violences intrafamiliales dans les établissements scolaires. Voici leur méthode.
Vendredi 17 janvier, sur le créneau de 10 heures à midi, il n’était pas question de maths, d’histoire-géo ou de sciences pour les terminales chaudronnerie industrielle du lycée professionnel Henri Sainte Claire Deville, à Issoire...
Ce matin-là, les élèves ont assisté à une intervention sur les violences conjugales menée par Bruno Guizzon, adjudant-chef de la brigade de gendarmerie d’Issoire, spécialisé dans l’accueil des victimes de violences intrafamiliales et Delphine Cadieux, directrice de l’association Issoire Santé Insertion Sociale (Isis). Voici comment le binôme aborde le sujet avec les jeunes.
En trouvant le bon momentEntre 16 et 18 ans, semble être le meilleur moment pour parler des violences conjugales. « Plus c'est tôt, mieux c'est ! Dans cette tranche-là, ils sont en âge de comprendre et c’est aussi la période où se forment les premiers couples. On s'adresse à eux en tant que jeunes adultes, enfants et petits copain et copine », explique Bruno Guizzon.
En s'appuyant sur un support pédagogiqueLa session de prévention débute par la projection du court-métrage pédagogique Anna de Johanna Bedeau.
L’histoire fictive, mais inspirée de faits réels, d’une femme battue par son époux depuis neuf ans, leur permet d’aborder les mécanismes de la violence, le repérage par un professionnel de santé puis la prise en charge de la victime.
« Ce que les jeunes voient peut faire écho à des situations vécues au quotidien, qu’ils en soient victime ou témoin », commente Delphine Cadieux.
Le duo conseille également de regarder le film Jusqu'à la garde, récompensé de quatre Césars.
En s'appuyant sur leurs connaissances du sujet« On lance la discussion en partant de ce qu'ils savent sur les violences conjugales et intrafamiliales. On leur demande ce que cela veut dire pour eux. Puis on essaie de développer et de vérifier que les informations qu'ils ont sont bonnes. Tout en leur parlant avec un vocabulaire adapté. »
En leur expliquant vers qui se tourner en cas de besoinParfois, les enfants sont au cœur du conflit, « comme des otages », image l’un des élèves. Dans ces cas-là, ils peuvent se tourner vers la gendarmerie ou encore vers les infirmière, assistante sociale, psychologue de leur établissement scolaire.
Natacha Cunill, l’infirmière du lycée Henri Sainte Claire Deville, a déjà eu affaire à ces cas-là. « Ils viennent me voir pour un mal de ventre. C’est symptomatique. Il y a quelque chose dessous mais le processus pour arriver à les débloquer peut être long. »
Tél. 3919. Les femmes victimes de violences peuvent contacter ce numéro d'urgence, gratuit et anonyme, accessible 7 jours sur 7.
Lisa Douard