Des agriculteurs du Puy-de-Dôme en colère contre le Mercosur
Les accords de libre-échanges entre l'UE (Union européenne) et le Mercosur ont été signés la semaine dernière même s’ils doivent être soumis au Parlement européen. Une nouvelle qui passe mal auprès du monde agricole.
Ce jeudi 4 juillet à la tombé de la nuit, une trentaine d’agriculteurs et éleveurs se sont rassemblés à Clermont-Ferrand, devant la préfecture, pour dénoncer le texte du Mercosur (l’alliance commerciale de quatre des économies les plus puissantes d’Amérique du Sud). « Ils veulent faire mourir l’agriculture française », peste Romain Vernet, éleveur, encarté aux Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme.
La concurrence "déloyale" est l'une des raisons de la colère des agriculteurs. Les conditions de production ne sont pas les mêmes dans ces pays. Certains produits et techniques de production sont interdits sur le territoire français.
A côté de Romain Vernet, David Chaise, énumère la longue liste des produits qui seront importés en Europe. « Près de 100.000 tonnes de viandes par an ! On ne peut pas concurrencer avec eux. Nous essayons de produire en respectant toutes les règles qui nous sont imposées pour une misère, tandis que les pays d’Amérique du Sud vont importer chez nous des produits à base d’OGM et d’hormones 30 % moins cher que nous. Le gouvernement se contredit. C’est la mort de l’agriculture. »
Le monde agricole en sursis« Aujourd'hui, un kilo de viande se vend à 3,5 € pour un éleveur explique Romain Vernet. Il coûte pourtant 4,6 € à la production. On vit déjà en sursis sur nos économies et dettes. Il ne faut pas s'etonner si les agriculteurs se suicident un à un. On n'arrive déjà plus à recruter dans le milieu. Comment voulez-vous que des jeunes reprennent des sites agricoles en voyant ça ? »Une trentaine d'agriculteurs étaient présents devant la préfecture. Le monde bovin n'est pas le seul touché. La volaille aussi, avec 180.000 tonnes par ans d'importation, le sucre, au même tonnage, le miel à hauteur de 45.000 tonnes et encore d'autre produits agricole.
Une délégation a été reçue par la préfète, Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc à l’issue de la manifestation. Pour elle, « il est évident que la situation ne sera pas facile pour les agriculteurs. Dans le cas ou l'accord passe, il faudra utiliser tous les leviers disponibles pour se démarquer et mettre en avant les produits Français. Celà passe par une communication au niveau des consommateurs comme des éleveurs. Nous avons une agriculture de qualité. Il faut la préserver. »
Pour ce qui est des attentes des agriculteurs puydômois, Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc leur à assurer faire remonter leurs propos au gouvernement.
Le MERCOSUR en bref :
L’accord commercial Europe-Mercosur prévoit des échanges entre les deux blocs (Europe d'un côté et Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay de l'autre) et d’ici dix ans, l'élimination des droits de douane appliqués aujourd’hui sur les exportations d’un continent vers l’autre. En matière d’agriculture, l’UE a accepté un quota annuel d’importation de 100.000 tonnes de viande bovine sud-américaine. En retour, elle a obtenu un meilleur accès de ses entreprises aux marchés publics des pays du Mercosur et une protection de ses indications géographiques protégées.
Simon Dubossimon.dubos@centrefrance.com