Les pêcheurs de Brioude refusent l'idée d'une microcentrale hydraulique à la Bageasse
La récente assemblée générale de l’association de pêche de Brioude a été marquée par un débat animé sur l’avenir du barrage de la Bageasse.
« Il y a une inquiétude réelle. Pour un projet qui n’existe pas, on en a quand même beaucoup discuté… » François Josenci, président de l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA), était inquiet, au terme de l’assemblée générale de son association. La question de l’avenir du barrage de la Bageasse, abordée inopinément lors du dernier conseil communautaire, s’est invitée dans les débats, ce dimanche 2 février, dans la salle Allier de l’Instruction.
Ce qui fait débatFrançois Josenci a rappelé qu’en 2016, il avait été demandé de mettre le barrage en conformité pour permettre de conserver un débit réservé sur l’Allier par rapport à la branche marinière. « Une réunion avait eu lieu à la com’com en 2016, on a demandé le projet, on ne l’a toujours pas. À cette époque, il y avait trois versions évoquées » : l’écrêtage ; une passe à poisson et un seuil géré avec une vanne en tête de branche marinière ; une passe à poisson, une vanne pour supprimer la vase du plan d’eau, une passe à canoë et une centrale hydroélectrique. « Depuis 2016, des décisions ont été prises. Où en est-on ? » interrogeait-il.
Ce que dit Jean-Jacques FaucherLe maire et président de Brioude sud Auvergne a tenté de couper court au débat, répétant ce qu’il avait dit en conseil communautaire : « Il n’y a pas de projet. Il y a une étude, plusieurs scénarios mais pas de décision. Le scénario retenu à terme ne sera peut-être aucun des trois. »
Il n’y a pas de projet. Il y a une étude, plusieurs scénarios mais pas de décision
Et si, selon lui, la solution de l’arasement semblait « faire consensus contre elle », il certifiait qu’il « y aura une concertation préalable avec l’Office français de la biodiversité, la Fédération de pêche et l’AAPPMA. » Il terminait en ajoutant que « ce qui fait office de passe à poisson n’en est pas une » et que l’intercommunalité « ne s’interdisait aucune solution, même une microcentrale. Le consultant dit qu’il existe des microcentrales écologiques. »
Ce qu’en pense les pêcheursFrançois Josenci, président de l'AAPPMA de Brioude. « Pour moi, une microcentrale écologique, c’est comme le feu mouillé. Ça n’existe pas, se voyait-il rétorquer par un sociétaire. La passe actuelle fonctionne. Maintenant, on peut l’améliorer, l’optimiser. »
La microcentrale et l’installation d’une vanne type “chasse d’eau” [pour évacuer la vase du plan d’eau de la Bageasse, NDLR] on y est opposé
« Sur le principe, reprenait François Josenci, l’amélioration de la passe à poisson et la mise en place du débit réservé régulé, nous sommes d’accord. Par contre, la microcentrale et l’installation d’une vanne type “chasse d’eau” [pour évacuer la vase du plan d’eau de la Bageasse, NDLR] on y est opposé. Des études ont montré que les microcentrales existantes prélevaient 10 % de la dévalaison des smolts. Et on ne parle pas des blessures et des montaisons… »
François Josenci insistait : « Ce qui me gêne, c’est la microcentrale, qui est un hachoir à petits saumons, et la vanne de vidange des sédiments, qui pour enlever la vase de la Bageasse, déverserait tout sur les petits poissons se trouvant en aval. »
Ce qu’en pensent les politiquesLe conseiller départemental Michel Bergougnoux semblait lui aussi sceptique : « À chaque fois qu’une microcentrale est installée, il y a souvent des promesses très mal tenues. »
Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas de projet. Il est avancé
Conseillère communautaire d’opposition et candidate à l’élection municipale sur la liste opposée à la majorité sortante, Marie-Christine Degui intervenait à son tour : « On a eu deux réunions des élus communautaires sur le sujet. Une en salle et une à la Bageasse. Nous avons récupéré le rapport présenté. Le comité de pilotage a validé la solution incluant l’installation d’une microcentrale. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas de projet. Il est avancé. »
Ce que dit la Fédération de pêche de Haute-LoireDe quoi relancer l’agacement de pêcheurs, mécontents de ne pas avoir été conviés. Et le président de la Fédération, Lionel Martin, d’ajouter : « J’aimerais bien qu’à chaque fois la Fédération et l’AAPPMA soient consultés. J’ai des spécialistes dans mes services. On n’est pas obtus. On est pour l’amélioration de ce qui existe. »
J’aimerais bien qu’à chaque fois la Fédération et l’AAPPMA soient consultés
Et celui-ci de s’étonner, en référence aux choix de l’État : « D’un côté on donne de l’argent pour que le saumon revienne. Et de l’autre, on nous dit, on va équiper le pays de microcentrales. »
Pierre Hébrard