Avant/après : un immeuble datant de 1600 réhabilité dans le centre de Thiers
Il faut voir les photos prises avant les travaux pour en prendre conscience. Ce petit immeuble de la rue Alexandre-Dumas, dans le centre ancien de Thiers, était en piteux état. Avec sa façade du XVIe siècle fatiguée et ses appartements aux planchers troués et aux murs délavés. Et pourtant, quel potentiel !
Un investisseur privéC’est cet indéniable cachet qui a séduit un investisseur privé, Alpha Services, représenté par Mélanie Fauverteix. « Notre société fait partie du groupe Dafy Moto qui investit depuis vingt ans dans l’immobilier. Il possède une trentaine d’immeubles à Clermont-Ferrand et dans son agglomération. L’achat d’un immeuble à Thiers, en 2004, était une première. »
L'immeuble rénové, vu de la rue du 8-Mai-1945.
Depuis 2004, le dossier a mis du temps à entrer dans la phase de travaux concrète que chacun espérait. Études préalables, échanges avec l’Architecte des Bâtiments de France, élaboration du projet et montage financier… La métamorphose de plusieurs bâtiments voisins, dans le cadre du programme de rénovation urbaine financé notamment par l’Anru, a sans doute donné l’impulsion nécessaire.
« Il est vrai que cette façade détonnait dans la rue. Comme dans d’autres secteurs du centre ancien, le fait de voir que ça bouge autour crée un effet boule de neige. Cela motive les investisseurs, les propriétaires à lancer les travaux. »
L'un des appartements rénovés, qui donne sur un balcon et une petite terrasse.Un architecte pour la maîtrise d'oeuvreConformément aux prescriptions de l’ABF et de l’Anah (Agence nationale de l’habitat), un cabinet d’architecte a été mandaté pour la maîtrise d’œuvre. « On n’intervient pas sur un bâti de cette qualité et de cet âge-là comme sur un appartement avec des murs en placo », justifie Sylvie Roques.Le permis de construire a été déposé en août 2017 et le chantier s’est étiré sur l’année 2018.
Dans le cadre de l'Opah RUSur les sept appartements de l’immeuble, daté de 1600 sur le cadastre, trois ont bénéficié du dispositif Opah RU de la ville de Thiers (avant le transfert à Thiers Dore et Montagne). Parmi eux, un très beau logement de près de 100 m² de surface habitable, aujourd’hui mis à la location. Avec ses portes intérieures style Louis XV encadrées de pierre, ses volumes, ses cheminées, son plafond à la française, c’est un vrai témoin du passé thiernois.
Avant
Après
Des contraintesOriane Galliot, du cabinet Mines architectes, a dû prendre en compte quelques mauvaises surprises. A l’image de la façade qui donne sur la rue du 8-Mai-1945 qu’il a fallu renforcer avec des tirants métalliques. Les contraintes listées par l’ABF ont également incité l’architecte à se creuser la tête. « Par exemple, il était demandé de ne pas cloisonner les espaces pour garder le volume de la pièce principale, explique-t-elle. J’ai opté pour un châssis vitré, une bonne solution pour refermer l’espace sur l’entrée sans perdre le volume ».
Avant
Après
Il était également imposé de conserver les portes pleines, les niches, les cheminées, de garder les fenêtres à l’identique, le parquet en chevron dans une des pièces, de réintégrer de la tommette dans le projet là où c’était possible. A cela s’ajoutaient les exigences de l’Anah dans le cadre de l’Opah RU, à savoir la chaudière gaz à condensation, le double vitrage ou encore la cuisine équipée.« Nous avons aussi utilisé des matériaux biosourcés pour rénover les murs, précise Oriane Galliot. Le mélange chaux-chanvre permet la ventilation des murs. »
Lors des travaux.
L’appartement, tel qu’il est proposé aujourd’hui à la location, accroche le regard et Mélanie Fauverteix n’a plus qu’à glisser deux ou trois anecdotes de chantier dans la conversation pour finir de séduire les visiteurs : « On partait de très loin. Il faut imaginer ici un sol en terre battue et là un plancher en bois effondré… »
Aides. Trois appartements de l’immeuble ont bénéficié du dispositif Opah RU de la Ville de Thiers pour un montant de travaux et d’honoraires (éligibles à l’Anah) estimés à 255.072 € TTC, avec des subventions de l’Anah (56.820 €) et de la Ville (8.951 €). Ce qui représente 26 % de subventions, sans compter l’accompagnement et l’ingénierie gratuits de la part du service habitat de la Ville de Thiers.
Thierry Senzier