A un mois de l'élection présidentielle américaine, Harris et Trump au coude-à-coude dans plusieurs Etats-clés
« On sait que cela va se jouer dans six ou sept États », explique Alexis Buisson (1) en rappelant cette constante concernant ces États-pivots qui peuvent faire basculer l’élection. Des États-clés donc, qui évoluent à la marge d’une élection à l’autre mais dans lesquels l’écart, entre les deux candidats, est inférieur à cinq points. Le 5 novembre, la cinquantaine d’États de l’Union élira les 538 grands électeurs dont 270 suffisent à désigner le prochain locataire de la Maison-Blanche.
Chaque État ayant un nombre de grands électeurs en rapport avec sa population, les candidats lorgnent particulièrement sur ceux qui sont les mieux dotés. En balayant, dans le cadre de leur campagne, les États qu’ils considèrent comme acquis, comme la Californie (depuis 1976 !), les États de New York ou de Washington, pour les démocrates et une grande partie des États du centre du pays pour les républicains.
« L'État le plus important »En 2020, Joe Biden avait remporté la Pennsylvanie, le Wisconsin, le Michigan, l’Arizona et le Nevada : à peine désignée par son camp, Kamala Harris s’est ruée vers les électeurs de ces États pour s’assurer de leur… fidélité.
« Pour les deux camps, la Pennsylvanie est l’État le plus important » dans lequel quelques milliers de voix peuvent faire la différence. « Les sondages ne sont pas forcément un bon indicateur », précise le journaliste car « la difficulté est d’arriver à des échantillons qui soient représentatifs » de l’électorat. Un électorat qui compte de nombreux indécis notamment, concernant la Pennsylvanie, dans la population amérindienne.
« La Pennsylvanie est un État assez centriste, assez modéré. Avec ses 19 grands électeurs, cela signifie que cela devient très compliqué pour le candidat qui la perd ». De fait, lors des dernières élections, le camp qui a remporté la Pennsylvanie est entré à la Maison-Blanche…
Alexis Buisson indique être attentif à « ce qu’il va se passer en Caroline du Nord parce que c’est un État qui n’a pas voté pour un président démocrate depuis Obama, en 2008. Et cette fois, les démocrates pensent qu’ils peuvent l’emporter et, si c’est le cas, cela sera un gros signal d’alarme pour les républicains qui auraient dû en toute logique le conserver. Sur place, il y a beaucoup de jeunes qui sont enthousiastes sur la candidature Harris ».
« L’envie de changement »Intéressant à suivre également selon le journaliste, l’Arizona et ses onze grands électeurs. « Il y a dans cet État de nombreux électeurs indépendants, ni démocrates ni républicains, susceptibles de basculer dans l’un des deux camps ». Particularité de l’État, non seulement il partage une frontière avec le Mexique mais, selon Alexis Buisson, c’est également « un foyer complotiste, un foyer de contestation des élections en 2020… ».
« Chacun met le paquet sur les États décisifs et se concentre sur les thématiques de campagne qu’il souhaite imprimer dans les esprits pendant ces dernières semaines », remarque Marie-Cécile Naves (2).
En 2020, l’électorat démocrate s’est beaucoup mobilisé, plus qu’en 2016, par lassitude de Trump mais maintenant une partie de la population a un peu oublié qui était Trump. Mais le point commun entre les deux c’est l’envie de changement, de tourner une page », commente la politologue. « S’il y a aujourd’hui « une dynamique favorable à Kamala Harris, un élan, celui-ci peut s’inverser à l’occasion d’un fait divers, d’une parole… Rien n’est fait », conclut-elle.
« Tout le monde s’accorde sur le fait que cela très serré », rappelle Alexis Buisson. Comme en 2020 en somme. En espérant que le verdict des urnes ne donnera pas lieu, cette fois, à une nouvelle attaque du Capitole. En Pennsylvanie qui souvent reflète le vote national, Kamala Harris est légèrement en tête des intentions de vote.
Calendrier : 20 septembre, début des votes anticipés et par correspondance ; 5 novembre, vote des citoyens dans chaque État ; 26 novembre, verdict du procès Trump ; 17 décembre, vote des grands électeurs ; 20 janvier 2025, investiture du 47e président des États-Unis.
(1) Établi aux États-Unis depuis 19 ans, correspondant notamment pour La Croix et Le Point, à suivre sur Le Caucus, auteur de Kamala Harris, la biographie, éditions de l’Archipel, 2024.
(2) Directrice de recherche à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) et directrice de l’Observatoire Genre et Géopolitique, à suivre sur mariececilenaves.com, auteure de Géopolitique des États-Unis, éditions Eyrolles/IRIS, 2018.
Sophie Leclanché