Cour d'assises de la Haute-Loire : treize ans de réclusion criminelle pour le vagabond qui a tué son ami
Eddy Cointrel a été condamné à une peine de 13 années de réclusion criminelle, hier, pour avoir porté des coups mortels à Éric Guerdner le 16 février 2021 dans un appartement de Coubon. L’homme de 46 ans était décédé dans les heures suivant « son passage à tabac ». Des saignements à l’intérieur du crâne avaient créé des hématomes sous duraux qui avaient compressé son cerveau.
« J’ai vu rouge »Cinq jours plus tôt, la victime et l’accusé s’étaient rencontrés par hasard, à la gare du Puy. Les deux marginaux avaient un troisième « compagnon de chemin », locataire d’un appartement à Coubon. La victime y était logée depuis quelque temps (sans que l’enquête démontre si c’était de gré ou de force) lorsque le 11 février, le vagabond descendu du train de Clermont-Ferrand a été invité à s’installer au même endroit. Cinq jours plus tard, le nouvel arrivant avait « vu rouge » d’après ses propres mots donnés en explication aux questions de la présidente de la Cour d’assises, Hélène Moreau, hier matin, lors de son interrogatoire.
Qui est ce vagabond accusé d’avoir tué son ami à Coubon ?
Le 16 février au soir, les trois hommes se sont retrouvés dans l’appartement. Ils ont bu des bières et du vin jusqu’à ce qu’Éric Guerdner parte se coucher vers 20 heures. « Il (le locataire NDLR) m’a dit que c’était un violeur. Je suis allé le réveiller. Il était dans les vapes. Je lui ai demandé s’il était un violeur, il m’a dit non. Je l’ai amené dans le salon et j’ai demandé (au locataire NDLR) de répéter ce qu’il venait de me dire. J’ai vu rouge. » L’accusé évoque un geste d’agression de la victime avant de décrire, comme dans chacune de ses auditions la « dizaine de coups de poing au visage », « la balayette », et les « 4 coups de pied donnés dans le ventre et le dos » avec ses chaussures de sécurité. Ce passage à tabac n’a cessé que lorsque le locataire lui a demandé d’arrêter. Éric Guerdner serait parti dans la salle de bains et aurait insulté son agresseur avant de regagner la chambre. « Je suis allé dans la chambre lui mettre 4 coups de poing au visage, jusqu’à ce que je me rende compte que ma main était ouverte. Quand je suis parti, il était assis contre le lit, vivant. »
« Le huis clos infernal de l’appartement »« Avec son irritabilité et son impulsivité, Eddy Cointrel a voulu passer une “branlée” à Éric Guerdner. […] Sa mort, ce n’est pas une triste histoire d’ivrognes qui a mal tourné », a plaidé Me Christelle Dursac, dans l’intérêt des cinq enfants de la victime. Pour l’avocate générale, ce qui a été commis par Eddy Cointrel, « c’est de la violence pure et c’est ce traitement-là qui a provoqué la mort d’Éric Guerdner ». Charlotte Trabut a requis une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
« Eddy Cointrel est coupable. Je ne suis pas là pour excuser le geste qui a été fatal à un homme qui n’avait rien demandé. » Me Françoise Cauet a usé de beaucoup de délicatesse pour introduire sa plaidoirie de défense. « On peut se poser des questions sur les gestes qui ont été commis par les uns et les autres dans le huis clos infernal de cet appartement. » L’avocate a pointé du doigt « la planche retrouvée à côté du lit » où le corps d’Éric Guerdner reposait. L’ADN du locataire de l’appartement a été retrouvé sur 3 côtés de cette pièce de bois qui ressemblait à l’assise d’une chaise. Une tâche de sang de la victime a été découverte sur le 4e côté. « S’il a reçu cette planche en pleine figure, cela aurait pu occasionner les blessures de ses pommettes et la fracture du nez. Il avait des traces de coups sur le larynx et l’ADN qui a été retrouvé sous les ongles de la victime, c’est celui du locataire. Il y a eu d’autres choses qui se sont passées sur cette scène de crime. » À la fin des débats, l’accusé s’est adressé aux cinq enfants d’Éric Guerdner : « Je n’ai pas voulu tuer votre papa. »
Après trois heures de délibéré, la Cour d’assises de Haute-Loire a reconnu Eddy Cointrel coupable des coups mortels qui ont entraîné la mort d’Éric Guerdner. Il a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle et devra verser un total d’un peu plus de 100.000 € de dommages et intérêts à ses cinq enfants.
Céline Demars