Alain Mossé, « littéraconteur » ou la voix de ses maîtres
Ce qu’il apprécie avant tout, Alain Mossé, c’est de mettre en valeur un joli texte, partager des émotions. Mercredi 15 mai, il sera à la librairie A la page pour lire à voix haute les poésies de Jean-Pierre Siméon, sous son pseudonyme Littéraconteur.
Quand les enfants apprennent à lire, ils ont besoin de lire à voix haute, d’associer mots et sons pour une meilleure compréhension. « C’est pareil lors d’une lecture à voix haute entre adultes, précise Alain Mossé, sauf qu’à la compréhension, on ajoute du plaisir, de la jouissance. »
Les livres, il est autorisé à en parler puisqu’il a été bibliothécaire pendant quasi trois décennies. Riche également d’une formation théâtrale, assez vite lui est venue l’idée et l’envie de déclamer des textes. Le grand Jean Villard disait « Un beau texte a besoin d’un auteur, d’un comédien et d’un public. »
Cette place au milieu du triptyque, il la revendique suivant la voie (et les voix sans pareilles) des Lucchini et des Weber. « Comme eux, je suis un passeur, et comme j’ai été biberonné aux beaux textes, je me sens utile en faisant aimer les livres. » Un petit silence pour évoquer la disparition récente de Bernard Pivot. « Un grand serviteur de la littérature nous a quittés. »
« Les moines faisaient la lecture aux non-lecteurs »Faire aimer un livre d’accord, mais quid de l’auteur. « Si, on a beaucoup d’affection pour un écrivain, on va craindre de le trahir. J’ai lu du Fallet devant la veuve de ce dernier, j’étais paniqué. » Prose ou plutôt poésie : « Ce sont des exercices très différents. Siméon ne ponctue pas ses textes, coupe ses phrases. C’est merveilleux pour un lecteur à voix haute, on peut impulser sa propre vision, compréhension. Chaque lecteur a des images différentes dans sa tête. »
Peut-on bien lire un texte sans l’avoir lu auparavant ? « Oui, mais il faut avoir la boîte à outils. Savoir maîtriser sa respiration, la ponctuation, les liaisons et respecter les silences. » Alain Mossé donne des cours à l’Université indépendante, fait de la médiation dans les écoles. « Les primaires sont d’une étonnante fraîcheur dans cet exercice. »
Son actualité, à court et moyen terme, s’annonce bien remplie. « Triathlon littéraire nocturne en lien avec les JO, Festival sous les étoiles, Roman de Renart, écriture dramatique, la littérature n’en finit plus de me remplir de plaisir. »