Qui est Loan Drouard, cet Issoirien qui rêve de devenir champion du monde de wushu ?

C’est sur les bords de la Couze Pavin que son songe d’enfant a pris racine. Ici, à Issoire, Loan Drouard s’est forgé une passion pour une discipline peu connue dans l’Hexagone : le wushu. "C’est un art martial chinois qui, aujourd’hui, évoque la partie moderne du kung-fu shaolin. Cela s’apparente à une performance artistique", explique le jeune homme. Sa spécialité, le taolu moderne, est spectaculaire. Elle a été rendue populaire au cinéma par l’acteur Jet Li.

Lui, c’est sur le petit écran qu’il a découvert la pratique. Pas dans des films, plutôt des reportages dédiés aux moines Shaolin. "J’avais 7 ans. Je disais à mes parents que je voulais partir en Chine pour devenir Shaolin."

Un jeune Issoirien chez les Shaolin

Sur l’insistance du garçon, la famille prend la direction de l’empire du Milieu pour des vacances d’été où Loan réalise un stage dans une école internationale de wushu. "J’ai adoré ! Je n’avais qu’une hâte : y retourner."

Disciple du maître principal d’un monastère

De retour dans son jardin issoirien, Loan multiplie les séances d’entraînement en s’inspirant de vidéos. À 11 ans, il se déplace dans des clubs de wushu en France pour continuer sa progression, retournant tous les étés en Chine.

Avec mon père, on allait une fois par mois à Toulouse pour m’entraîner avec le seul ancien professionnel chinois de France ou à Paris pour pratiquer avec le meilleur français.

En classe de 4e, l’Issoirien découvre la vie chinoise de l’intérieur. "J’ai passé une année en Chine où j’ai pu intégrer un monastère Shaolin traditionnel. J’ai été pris sous l’aile du maître principal, qui m’a proposé de devenir son disciple."La discipline est spectaculaire. Photo Guillaume Mirand

En classe de seconde, Loan poursuit ses études à Toulouse et jongle avec une pratique accrue du wushu. Il participe même, à 15 ans, à ses premiers championnats du monde traditionnels en Chine où il gagne le titre de champion du monde dans le style shaolin.

Champion d’Europe à 18 ans

L’Issoirien bascule par la suite sur la pratique moderne de la discipline. On le retrouve aux championnats du monde juniors modernes au Brésil. "J’ai terminé 5e. La même année, j’ai été vice-champion d’Europe en Russie." 7e aux mondiaux en Chine, puis champion d’Europe à 18 ans, Loan pratique de manière intensive le wushu.

Depuis que j’ai mon bac, je m’entraîne tous les jours à plein temps.

Le jeune homme a également mis sur pied un projet sportif pour se concentrer sur sa pratique. « J’ai un statut de sportif de haut niveau. J’ai mis mes études de côté pour me concentrer sur la pratique. »

Des sacrifices qui paient : l’an dernier, il termine 3e aux Jeux Mondiaux de Birmingham (États-Unis) et cette année, il décroche une 4e place aux Jeux mondiaux universitaires et aux World Combat Games (compétition d’arts martiaux). Il obtient même son meilleur classement aux championnats du monde de wushu : 6e.

"En France, rien n’est adapté pour le wushu"

Déjà auréolé de plusieurs titres de champion de France, Loan a remporté de nouvelles médailles d’or il y a peu à Auriol (Bouches-du-Rhône). La suite de sa saison se jouera lors des championnats d’Europe en Suède en mai, et lors de la coupe du monde au Japon, en fin d’année. "Mon objectif est de monter sur le podium mondial", lâche-t-il avec ambition.Le jeune homme collectionne les médailles.

Encore une fois, le jeune homme de 22 ans s’est donné le droit de rêver en multipliant les stages à l’étranger.

En France, rien n’est adapté pour le wushu. Il faut tout organiser soi-même. Par exemple, l’an dernier, je suis allé m’entraîner en Indonésie, à Singapour et en Corée. Ce sont des terrains inconnus et personne ne peut organiser cela pour moi.

À force de travail et de sacrifices, Loan Drouard met tout en place pour devenir champion du monde de wushu. "Je veux être le premier à battre les Chinois?!" Et pour réussir cet exploit, le jeune homme est à la recherche de soutiens. "Avec les aides de la fédération, seulement 1/3 de mon année est financée. Le reste, ce sont mes parents qui m’aident. Alors, je suis à la recherche de sponsors."

Une aide indispensable pour accomplir son rêve mondial, avant, lui aussi, de tendre la main à d’autres pratiquants. "J’aimerais pouvoir créer une équipe européenne de wushu pour faire progresser le niveau continental." Et continuer à écrire son histoire. Cette fois à plusieurs mains.

Jean-Baptiste Botella