« J'ai failli passer à l'acte... » : les mots forts d'un éleveur face à Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture
Situé à quelques mètres d’Emmanuel Macron lors du débat organisé en fin de matinée, dans les salons du hall 1 du Salon international de l’agriculture (SIA), en présence de représentants syndicaux, un éleveur de volailles en Dordogne a interpellé à plusieurs reprises le président de la République, Emmanuel Macron. Dans un discours empreint à la fois de colère et d’émotion.
« Je voudrais vous parler du suicide, a lancé Rémi Dumaure, éleveur de volailles en Dordogne, des trémolos dans la voix, au président de la République devant les caméras. Cela fait 3 ans que je travaille 100 heures par semaine. Et je ne sors pas un revenu. C’est ma femme qui me fait vivre. Au moins d’août, j’ai failli passer à l’acte. J’ai un gamin de 15 ans et une gamine de 10 ans. Vous croyez que ça me fait plaisir de monter au salon ? C’est mon père de 72 ans qui s’occupe de la ferme là. »
Mais le « ras-le-bol », dit-il, est tel, est tellement « général », appuie encore celui qui est administrateur de la Coordination rurale 24. L’éleveur, parti dans la nuit de vendredi à samedi, à 1 heure du matin « pour être là à 6 heures », a tenu à monter au Salon de l’agriculture pour « faire bouger les choses ». Lui qui était déjà venu en région parisienne, en début de mois, avec le convoi emmené par la Coordination rurale 47.
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« On a l’impression qu’il ne se rend pas compte du profond malaise... »« Les charges augmentent, les coûts de production augmentent, tout ça avec moins de revenus. Donc forcément, ça creuse nos trésoreries et ça joue sur le moral, sur la famille... » nous confiait-il, quelques instants après avoir discuté les yeux dans les yeux avec Emmanuel Macron. Le suicide, on le vit au quotidien sur des collègues. Tous les deux jours, en France, il y a un agriculteur qui se suicide. Et malgré tout ça, on a l’impression qu’il (Emmanuel Macron, ndlr) ne se rend pas compte du profond malaise dans le monde agricole. Il faut lui faire prendre conscience qu’il faut agir vite et très vite, parce que sinon, on va aller au clash. Mais on a l’impression qu’il ne nous écoute pas. »
Jean-Adrien Truchassou