Ils réfléchissent déjà à faire évoluer ou relocaliser les cépages d'Auvergne pour affronter le changement climatique
Cépages repensés, taillés ou greffés autrement, relocalisés plus en altitude ou même clonés... Voici à quoi réfléchissent les viticulteurs d'Auvergne confrontés au changement climatique.
Quand on demande ce qui change à Pierre Goigoux, viticulteur à Châteaugay et vice-président du syndicat des viticulteurs de l’AOC côtes-d’auvergne/IGP du Puy-de-Dôme, il interroge ses vignes. « Depuis sept ans, on frise la correctionnelle un an sur deux?! »
Les évolutions du climat sont perceptibles : à travers la succession d’événements exceptionnels (risque d’épisodes de grêle violents du printemps aux vendanges, sécheresses récurrentes, canicules prolongées), autant que sur le développement des vignes qui se décale.
Indicateur le plus marquant : la date des vendanges. « Je pense qu’on a avancé de trois semaines en trente ans. On était plutôt autour du 15 octobre, or on a attaqué autour du 25 août en 2003 et 2017?! C’est complètement déraisonnable. »
3 semaines : c'est l’avance moyenne de la date du début des vendanges sur 30 ans en côtes-d’auvergne
Avec quelques degrés de plus en plus tôt, les cépages précoces se retrouvent aussi à un stade végétatif qui les rend vulnérables au gel de printemps.
Mais Pierre Goigoux reprend aussitôt : « L’Auvergne est une terre bénie pour la vigne ». Tradition avec la coexistence de cépages plus ou moins précoces?; sols variés aux capacités plus ou moins drainantes?; reliefs pour envisager de compenser quelques degrés en plus par l’altitude : ici, les vignobles auraient une capacité de résilience que d’autres n’ont pas.
Les vignerons étudient plusieurs pistes d’adaptationÀ l’échelle nationale, ils suivent la mise en place d’essais sur des clones et porte-greffes plus tardifs : « On peut peut-être gagner 5 à 6 jours sur un cépage ». L’adaptation passera peut-être aussi par des changements de cépages.
Les vignerons mettent en place des essais avec des cépages clonés plus tardifs et des porte-greffes plus résistants.
Plus de syrah?? Moins de chardonnay ou pinot noir?? Se poserait alors la question des validations par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). Le syndicat Fédération du Puy-de-Dôme étudie aussi d’autres pistes : hauteur de surface foliaire, irrigation raisonnée, rénovation/relocalisation de cépages, filets para-gêle…
Savez-vous comment des agriculteurs auvergnats mènent la bataille du climat sur la Terre qui change?
Anne Bourges anne.bourges@centrefrance.com Follow @a_bourges