Dernière étape à Coudes pour la Couze Chambon avant de se jeter dans la rivière Allier
C’est ici, à Coudes, que la Couze Chambon achève son paisible et parfois tumultueux voyage vers la rivière l’Allier. Dernière étape de ce périple de presque 40 km depuis la vallée de Chaudefour.
«Quand la Couze ne fait pas de bruit, c’est qu’il y a beaucoup d’eau. » Martine réside dans la maison de famille. Celle où elle a grandi. Une bâtisse caractéristique des bords de Couze, mais qui étonne par ses proportions et son emplacement au bord de la rivière et du béal. Ce dernier alimentait autrefois un moulin. La septuagénaire, bercée par les clapotis de la Couze, interrompt son activité pour nous parler du lien particulier qui la relie au cours d’eau.
Parfois, la Couze ne parvient pas à s'écouler dans l'AllierEt ce sont d’abord les crues qui lui viennent à l’esprit. « Il est arrivé que l’eau de la Couze ne puisse plus s’écouler dans l’Allier. » Et inévitablement, le niveau monte. En décembre 2003, l’eau a atteint la base de la fenêtre du salon… Sept à huit mètres plus haut. « Ça a duré quatre jours. » Plusieurs phénomènes produisent cet effet. Soit l’Allier est en crue et n’absorbe plus les eaux de la Couze.Soit c’est la Couze elle-même qui s’emballe. Soit, enfin, les deux cours d’eau unissent leurs forces et rien ne peut les y contraindre. « D’ailleurs, le long de la rivière, toutes les habitations sont à l’étage », fait-elle remarquer. Un escalier donne accès à un garage. Ce n’est pas encore le premier niveau. « Avant, ici, c’était un abattoir. Mon père tenait une boucherie. » Et son père avant lui.
Construite en pente douce pour y acheminer les animaux, l’entrée qui sert de garage est désormais agrémentée de quelques marches. Une construction récente pour ralentir la progression des eaux. Dans cette dernière pièce, peu d’objets y sont stockés. Hormis le kayak de son mari qui sert en de rares occasions.« Il nous a toutefois servis à récupérer un laurier-rose emporté par une crue », se souvient Martine. L’unique porte tournée vers l’extérieur donne sur le béal qui rejoint la Couze. Une petite terrasse y a été aménagée. Mais elle n’y entrepose plus rien. Car, « à chaque fois, dit-elle, tout est emporté. »
Un point de vue unique sur les deux rivièresVue sur le pont médiéval de Coudes.Cette avancée offre une très belle vue sur le pont médiéval. De part et d’autre, d’imposantes maisons construites avec des galets de l’Allier ont été érigées à la verticale de la Couze. Andelko habite la dernière du village.
Celle qui, sur la rive droite, accompagne la Couze Chambon vers son dernier voyage. Avant qu’elle ne se jette dans les bras de l’Allier. Là aussi, la demeure ancienne possède une singularité qui en fait tout le charme. « Elle a un super cachet », prévient le quinquagénaire qui en connaît un rayon en matière de rénovation. Quelques marches d’escalier plus tard, une porte s’ouvre sur une immense terrasse avec, d’un côté la Couze Chambon, de l’autre, l’Allier. Un point de conjonction unique et sauvage dont lui et son épouse Laurence ne se lassent pas. Un petit passage propose même d’accéder au bord de la Couze. D’ici, Andelko peut partir en kayak pour des balades jusqu’au Martres de Veyre.
Les crues font partie de la vie des deux cours d'eauLa Couze Chambon, avant qu'elle ne se jette dans la rivière Allier.Le paysage semble idyllique. Pour autant, « on connaît les risques même si c’est un plaisir d’habiter cet endroit-là », admet-il. Les crues font partie de la vie intégrante des deux cours d’eau. Début 2020, l’eau affluerait à une cinquantaine de centimètres sous le mur de la terrasse. La bâtisse, construite sur le rocher, a parfaitement résisté jusqu’ici aux assauts des deux rivières. « Elle ne se fera pas embarquer », plaisante-t-il.
De fait, posséder une maison à cet endroit nécessite un entretien régulier. « L’eau bouffe les joints entre les pierres. Cet automne, un maçon va les refaire avec de la chaux et du sable de la Dore, il n’y a que ça qui résiste. » Outre la beauté du site, le couple apprécie tout particulièrement cette fraîcheur apportée en été par la proximité de l’eau. « On est climatisé tout l’été », conclut-il.
David Allignon