Le réalisateur originaire de Brive, Sébastien Bailly, dirige Julie Gayet et Benjamin Biolay dans son 1er long-métrage
Anna, une comédienne proche de la cinquantaine, vient d’être quittée par son mari. Grâce à un élixir étrange, elle va pouvoir se métamorphoser en d’autres femmes, dans l’espoir de le reconquérir. Tel est le synopsis du film « Comme une actrice », le premier long-métrage du metteur en scène d’origine briviste, Sébastien Bailly, avec Julie Gayet, Benjamin Biolay et Agathe Bonitzer.
Une longue aventureLe cinéaste corrézien est l’un des cofondateurs et ancien directeur du Festival de cinéma de Brive. Il vient de terminer 6 semaines de tournage de son film à Paris. Il ne reste qu’une séquence à tourner, en Italie, lorsque la situation sanitaire le permettra.
Vous travaillez sur ce premier long-métrage depuis 2013. Pourquoi une aussi longue gestation ? C’est le lot de beaucoup de films et surtout des premiers films. Il s’agit d’une durée tout à fait classique. En plus, ce qui s’est passé ces derniers mois ne nous a pas aidés. Avant le tournage, il fallait prendre le temps d’écriture, de réécriture et surtout de recherche de financements. Avant de réunir les sommes si ce n’est nécessaires, au moins qui rendent possible un film, il faut beaucoup, beaucoup de temps.
Comment s’est opéré le choix des acteurs ?
Il y a encore quelques mois, j’avais un casting différent, mais il a été bouleversé parce que la pandémie a saccagé la moitié de l’année 2020 et a compliqué le planning des comédiens. J’ai dû reconstruire tout le casting mais, aujourd’hui, j’en suis très heureux. On a passé 6 semaines avec une équipe engagée et des comédiens enthousiastes, qui ont pris plaisir à faire ce film.
Quels sont les questionnements sur la féminité que votre film met en lumière ?
Ce qui m’intéresse, c’est le couple, comment on peut renouveler le désir et le regard que les hommes portent sur une actrice, une femme qui se rapproche de la cinquantaine. Ce n’est pas le sujet du film, mais ça le parcourt de façon sous-jacente.Sébastien Bailly a débuté le travail sur son film en 2013 . Photo Ronan Guillou
Avez-vous un indice sur une éventuelle date de la sortie de votre film ? Viendrez-vous le présenter en Corrèze ?
Je serais ravi de pouvoir le montrer à Brive et à Tulle. Quant à la date de sortie, c’est incertain.
Aujourd’hui, il y a déjà 230 films sur les étagères, qui attendent leur sortie.
On ne sait même pas à quel moment les cinémas rouvriront. Le film devrait être totalement terminé à la rentrée mais, à mon avis, il ne sortira pas avant 2022. C’est difficile de se projeter, le distributeur est incapable de donner une date. On va quand même essayer de le sortir dans les meilleures conditions possibles. Trouver une bonne date est un exercice déjà très difficile en temps normal, mais là, les choses vont être encore plus compliquées.
Avez-vous l’impression que le champ des possibles du cinéma d’auteur en France se rétrécit ?
Oui, l’écart entre le cinéma d’auteur et les très grosses productions, essentiellement des comédies, est de plus en plus important. Lorsqu’on fait une comédie dramatique sur un sujet de société, on est classé dans le cinéma d’auteur, où les budgets sont en baisse constante depuis une dizaine d’années. En plus, la crise sanitaire ne va pas nous aider.
Les décideurs, dont essentiellement des chaînes des télévisions, qui ont beaucoup de pouvoir sur le financement des films, essayent toujours de refaire les mêmes recettes, sans audace, ni prise de risque. Au final, c’est un piège mortel pour le cinéma.
Pensez-vous déjà au projet d’après dans le monde d’après ?
Le projet d’après est déjà écrit, mais je ne sais pas si c’est celui-là qui sera financé. Et le monde d’après nous promet de gros bouleversements. Comme dans beaucoup de secteurs, pandémie terminée ou pas, des conséquences se feront ressentir à long terme. Certaines salles ne survivront pas à la crise, certains distributeurs mettront la clé sous la porte.
Propos recueillis par Dragan PEROVIC