Le talent de l’auteure Jeanne Cressanges, née dans l'Allier, reconnue par le ministère de la Culture
![Le talent de l’auteure Jeanne Cressanges, née dans l'Allier, reconnue par le ministère de la Culture](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/jeanne-cressanges-devant-le-chateau-de-saligny-pour-la-sorti_5228773.jpeg)
L’auteure Jeanne Cressanges, qui doit son pseudonyme au village de l’Allier près de Moulins, vient d’être nommée chevalière des Arts et des Lettres. Une récompense qui lui va droit au cœur.
Elle fêtera son 92e anniversaire le 6 mai prochain. Jeanne Cressanges, née Mouchonnier à Noyant-d’Allier, a publié plusieurs dizaines de romans depuis 1959 et La Femme et le manuscrit chez Grasset.
Dans un arrêté du ministère de la Culture du 18 décembre 2020, elle a été élevée au rang de chevalier des Arts et des Lettres, ou « chevalière » comme elle l’a suggéré à la ministre, Roselyne Bachelot.
Qu’avez-vous ressenti en apprenant votre nomination ?« Je n’étais au courant de rien. C’est un ami qui m’a félicitée et m’a ainsi mise au courant. J’ai appris ensuite que c’est un autre ami qui a réalisé les démarches. Je n’accorde pas beaucoup d’importance à ce genre de choses. À mon âge surtout, qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas une vedette. Mais j’ai changé d’avis, car depuis je reçois beaucoup de témoignages y compris d’inconnus. Leur joie m’a fait un immense plaisir. L’écriture est un acte solitaire. On a peu de retours, au contraire de musiciens ou d’acteurs sur scène par exemple. »
Concrètement, quel a été l’impact de cette nomination ?« J’ai reçu une lettre de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, à qui je me suis permise de répondre en lui suggérant de féminiser le titre. J’estime être une chevalière des Arts et des Lettres. Par ailleurs, à ma grande surprise, la nomination a permis de relancer les ventes de mes livres, car les libraires profitent de l’événement pour remettre en vitrine ceux qu’ils avaient en réserve. »
Vous dites être une chevalière. Êtes-vous une autrice ?« Je dirais plutôt auteure, je trouve le mot plus élégant. Je ne suis pas du tout contre l’évolution de la langue. Cela dit, la grammaire et le vocabulaire me semblent très importants. Beaucoup de jeunes me disent que j’utilise un vocabulaire trop riche, c’est dommage. Je suis une auteure classique, avec une langue travaillée, mais qui me semble facile à lire. Je vais dire une banalité mais qu’il faut sans cesse répéter : quand on n’a pas de mots pour le dire, alors on passe aux actes. Il faut pouvoir exprimer son amour, sa colère, la douceur... Nous fonctionnons avec des mots. Sans eux, nous sommes démunis. Ils rappellent toute la finesse de l’esprit humain, des sentiments, des sensations... Pas seulement les mots, les phrases aussi. Écrire, se rapproche de la musique. »
Écrire des histoires vous permet de sonder l’âme humaine. Entretenez-vous cette même passion avec vos proches ?« C’est drôle que vous me posiez cette question. Je viens de perdre un ami cher, un professeur de français dans un collège de Creil. Il était âgé de 60 ans. Nous entretenions une correspondance depuis ses 20 ans... Les lettres sont très importantes. Je ne suis pas du tout contre la rapidité de la communication, ça rend des tas de services, mais il ne faudrait pas qu’on perde la réflexion qu’apporte l’écriture. Écriture, pensées et sentiments sont intimement liés. »
À propos d’Internet justement, vous utilisez cet outil pour communiquer avec l’association littéraire, Pré-textes, basée à Yzeure...« Oui, c’est merveilleux depuis Épinal où j’habite de pouvoir agir pour cette association. Je fais partie du jury du concours de nouvelles 2021. Les délibérations sont en cours. »
L’association Pré-textes envisage de rééditer l’une de vos œuvres, nous a fait savoir le président Roland Fleury...« Nous avons évoqué la réédition du roman paru en 1969 chez Casterman puis Julliard, Le Cœur en tête. Je m’étais installé dans la maison de mes parents à Noyant tout un hiver pour l’écrire. Mais à choisir, je préférerais que soit réédité un ensemble de textes paru en 1985 chez Flammarion intitulé La Petite fille aux doigts tâchés d’encre, que nous avons également évoqués. Il n’a reçu aucun écho au moment de sa publication, mais régulièrement, un lecteur ou une lectrice m’en parle. Je raconte mon enfance dans la ferme de mes grands-parents à Noyant puis à Saint-Sornin. C’était un peu la misère, mais je ne m’en rendais pas compte, j’étais heureuse. C’est une enfance comme beaucoup de personnes âgées l’ont vécue. Je pense très souvent aux couchers de soleil sur les côtes Matras. »
Quand reviendrez-vous dans l’Allier ?« J’espère retourner dans cette région chère à mon cœur avant le mois de juillet. Mon vœu de chevalière serait de pouvoir fêter cette nomination à la médiathèque de Dompierre qui porte mon nom d’auteure. »
Stéphanie Ménastephanie.mena@centrefrance.com