Comment la Corrèze a vacciné près de 9 personnes éligibles sur 10
Si l’immunité collective n’est pas une chimère, la Corrèze y est presque : début septembre, 88,5 % des Corréziens de 12 ans et plus avaient reçu au moins une dose de vaccin. Huit mois plus tôt, le 7 janvier à Pompadour, Marcelle, 100 ans, ouvrait le bal. Souvenez-vous…
Hiver : des doses au compte-goutteElles sont là : 4.875 doses de vaccin livrées mardi 5 janvier, sous escorte policière, au centre hospitalier de Brive, permettent à la Corrèze de démarrer sa campagne vaccinale contre le covid. Quinze jours plus tard, 3.500 personnes ont été vaccinées. Mais les volontaires sont bien plus nombreux que les flacons disponibles : le 18 janvier, lors de l’ouverture des centres de vaccination, il n’est déjà plus possible d’obtenir un rendez-vous avant la mi-février.Marcelle, 100 ans, a été la première Corrézienne vaccinée, le 7 janvier. Photo Stéphanie Para
Pour recevoir sa dose, chacun a sa combine : les proches de médecins tentent d’obtenir des passe-droits, certains sont prêts à traverser la France et on vient de très loin se faire vacciner à Ussel. D’autres guettent les doses de fin de journée, devant les centres…
À La Montagne, des lecteurs nous appellent, désespérés et incapables de dénicher un rendez-vous. Des élus s’emportent contre le gouvernement qu’ils jugent « incapable de nous trouver des doses » (Pascal Coste, le 19 janvier).
Le "mirage" AstraZenecaLe 6 février, les premiers flacons d’AstraZeneca arrivent dans le département. On compte dessus pour désengorger les centres (on le conserve plus facilement), mais ce sont finalement ses effets secondaires qui alimenteront la chronique.
Suspendu, puis réservé aux plus de 55 ans dès le 19 mars, il va alors convaincre de moins en moins de Corréziens.
Printemps : le gros couac de la campagne vaccinaleEn cette fin d’hiver, la Corrèze caracole en tête des départements français concernant la couverture vaccinale. Fin mars, huit résidents d’Ehpad sur dix y ont déjà reçu leurs deux doses.
Arrive avril et l’un des gros couacs de la campagne : l’Agence régionale de santé (ARS) annonce, le 1er avril, qu’elle ferme les centres de vaccination de Lubersac et de Corrèze. Élus et soignants se révoltent, les médias relaient leur indignation et, quatre jours plus tard, tout rentre dans l’ordre : les centres resteront ouverts.
Aujourd’hui, c’est notamment à la présence de nombreux centres que l’ARS attribue le taux élevé de la couverture vaccinale en Corrèze.
Rythme de croisièreAfin qu’ils ne soient pas les oubliés de la campagne vaccinale, la Caisse primaire d’assurance maladie passe des coups de fil aux plus de 75 ans, souvent moins connectés, pour leur proposer un rendez-vous. Quatre mille personnes sont concernées.
Autorisée depuis le 11 mai, la prise de rendez-vous ouverte aux plus de 18 ans en bonne santé, sur les « créneaux disponibles », n’est en réalité pas possible en Corrèze. L’explication ? Le département est bon élève, toutes les doses sont déjà utilisées par les publics prioritaires.
La crainte de gâcher des doses, qui avait agité tout le circuit responsable de la logistique des vaccins, s’est peu à peu apaisée : le vaccin Pfizer est passé de 5 à 30 jours de conservation.
En juillet, rush sur les rendez-vousÀ la mi-juin, 12.000 injections sont réalisées chaque semaine en Corrèze. Mais c’est la prise de parole d’Emmanuel Macron, le 12 juillet, qui va donner un nouveau coup d’accélérateur à la campagne vaccinale. L’annonce de l’instauration du pass sanitaire déclenche une ruée sur les rendez-vous. Le record s’établit le 23 juillet, avec 3.535 injections réalisées en un seul jour dans le département.
Après avoir vacciné avec le vaccibus, dans des salles de village avec les pompiers, l’ARS organise des séances dans les quartiers populaires de Brive et proposera même du “sans rendez-vous” dans la galerie du centre commercial Carrefour, à Brive ouest, au mois d’août.
À Brive, 1er août 2021. Photo Stéphanie Para. Juillet est aussi le mois des premières manifestations d’ampleur des opposants au pass sanitaire. Mais début août, l’unique service de réanimation de la Corrèze voit déferler la quatrième vague. « Ici, c’est simple : 100 % de nos patients ne sont pas vaccinés », assène dans nos colonnes le docteur Pichon, chef du service, à la fin du mois d’août.
Septembre : le département en marche vers l'immunité collectiveUn lycéen recevant une première dose de vaccin Pfizer (photo E. Porte). Avec le retour en classe, la vaccination fait son entrée dans les lycées. Les hôpitaux recensent leurs agents non vaccinés puisque l’obligation vaccinale entre en vigueur le 15 septembre. Ils sont moins de 3 % au centre hospitalier de Brive. La veille, la Corrèze recensait 189.240 personnes ayant reçu au moins une dose.
Depuis mi-septembre, la vaccination est possible dans tous les centres sans rendez-vous. Mais les premières injections se font de plus en plus rares. Logique : seuls 11,5 % des Corréziens de 12 ans et plus n’ont pas entamé la démarche.
Presque plus de primo-injectionsLe centre de vaccination de Brive, piloté par le centre hospitalier et tenu en partenariat avec les médecins libéraux a singulièrement réduit sa voilure. En cette fin septembre, il n’y a plus que quatre lignes de vaccination qui fonctionnent, alors que le centre est monté jusqu’à onze cet été.
Désormais, un petit millier de personnes le fréquente chaque semaine. Ce sont essentiellement des deuxièmes ou des troisièmes doses qui y sont injectées. « Des primo-vaccinés, on n’en a même pas dix par jour », résume l’infirmière coordinatrice, Madeleine Peyrat.
Des agents de la caisse primaire d’assurance maladie appellent les personnes de plus de 75 ans, les plus précaires et les plus isolées afin de leur prendre des rendez-vous ou de les inciter à le faire. Mais si les quatorze centres de vaccination du département réduisent la voilure, en « adaptant les heures et les jours d’ouverture », explique-t-on à l’Agence régionale de santé, aucune fermeture n’est annoncée. Il faut dire qu’avec la troisième dose, tout est un peu à recommencer…
La troisième dose est à ce jour ouverte aux personnes de 65 ans et plus, au moins six mois après la deuxième dose, mais également sans limite d’âge pour les personnes souffrant d’une pathologie à haut risque ou de comorbidités. Le rappel est aussi destiné aux personnes vaccinées avec le Janssen.
Pomme Labrousse, photos Stéphanie Para (sauf mention contraire)