ASM Clermont : Bibi Biziwu, un vrai bleu chez les Bleus
Le jeune pilier gauche clermontois de 20 ans est l’un des invités surprise de la liste des 42 joueurs du XV de France, amenés à préparer le Tournoi. Avec à peine plus de 6 matchs cumulés en temps de jeu depuis le début de sa carrière, quel sens donner à cette « promotion » ?
Depuis mardi, Daniel Bibi Biziwu croule sous les félicitations. Pensez donc, figurer dans la liste de Fabien Galthié pour le Tournoi qui arrive, à tout juste 20 ans, alors qu’il n’a débuté que quatre matches en pro, il y a de quoi surprendre agréablement son entourage. C’est un peu aussi découvrir un matin que l’on a les bons numéros du loto. Cela vous tombe dessus sans que l’on s’y attende.
Engranger de l'expériencePour Jono Gibbes, la présence de Bibi Biziwu dans la liste du sélectionneur, entre dans un processus particulier, qu’il trouve très intéressant. « Ce que fait Fabien Galthié est constant et consistant. Il prend des joueurs à potentiel et en forme pour les tester dans les conditions réelles d’une préparation internationale. Je trouve le sélectionneur compétent pour offrir ce type d’opportunités ».
Malgré son faible temps de jeu, le jeune gaucher arrivé à l’été 2018 de Massy, et qui passera sous contrat pro en juin 2023, a déjà fait étalage de ses qualités. Et elles n’ont pas échappé naturellement à Etienne Falgoux, avec lequel il est en concurrence à l’ASM. « Daniel est un sacré puncheur avec une grande capacité de déplacement. En plus, il possède déjà une certaine maturité. Je comprends qu’il soit suivi par le quinze de France. Quoi qu’il arrive, ce sera une belle expérience pour lui », estime le pilier clermontois.
« Daniel possède un feu intérieur pour réussir »
Pour Bibi Biziwu, cette invitation surprise est d’autant plus inattendue que les quatre premiers mois de la saison ont été passés en « cave d’affinage ». Pas une mise au frigo, mais un passage entre les paluches de Dato Zirakashvili, maître des mêlées.
Le jeune Daniel s’est entraîné durement et beaucoup. Mais il n’a quasiment pas joué, même pas en Espoirs où sa présence n’a pas été jugée utile… pour son évolution. « Il a en effet beaucoup travaillé, confirme Jono Gibbes. Il a su être patient et il a tiré des choses positives de cette situation difficile, tout en étant motivé. Il a grandi petit à petit dans cette épreuve (ndlr : où il ne jouait pas).
Et puis, sa relation avec Dato est pour moi quelque chose de très positif ».Intégrer la liste des 42, malgré des références en club limitées en nombre, peut-il constituer un danger pour un tout jeune joueur ? « Il n’y a pas de risque, c’est juste une opportunité d’aller à Marcoussis et de se frotter à une concurrence, notamment Cyril Baille, qui possède de très hauts standards à ce poste. Je suis sûr qu’il sera motivé par cette expérience » certifie son coach à l’ASM.
Plus de devoirs que de droitsMême si convocation ne signifie pas sélection, Daniel Bibi Biziwu va avoir en effet l’opportunité de se nourrir de ce qui se fait de mieux en termes de préparation au plus haut niveau. Le garçon semble avoir suffisamment la tête sur les épaules pour ne pas oublier d’où il vient et ce qui lui reste à parcourir pour changer de statut.
Adel Fellah, l’entraîneur des Espoirs, qui l’a également pratiqué voit également dans cette « sélection », une opportunité d’apprendre. « Il va toucher du doigt les standards à atteindre pour évoluer au plus haut niveau. Cela peut le stimuler pour garder une dynamique de progression. Et puis, cela donne du sens à son travail, de ce qu’il fait au quotidien avec les pros. Maintenant, il ne faut pas qu’il se relâche, mais je ne suis pas inquiet, c’est un travailleur ».
Pendant quelque temps, peut-être l’espace du Tournoi à venir, le jeune Bibi Biziwu va prendre un peu de lumière. Avec son statut de « Marie-Louise », il va être confronté à une concurrence inégalée dont il devra tirer le plus grand bénéfice. Un nouveau costume qui lui imposera également, en club, plus de devoirs que de droit.
Christophe Buron