Qui sont les jeunes avec Zemmour, très actifs la nuit, dans la Nièvre
Souvent étudiants et sans passé politique, ils ont découvert Éric Zemmour par ses vidéos en ligne. Ils ont aimé son discours radical et sans retenue, son talent d'orateur… Et collent ses affiches deux à quatre nuits par semaine. Rencontre avec des jeunes militants de cette “génération Z”.
Romain, 20 ans, est étudiant à l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (Isat), à Nevers. Bryton, 22 ans, est sans emploi. Pierre-Michel, 24 ans, est étudiant en droit. Tous les trois militent activement pour Éric Zemmour, depuis des mois.
Bryton a été le pionnier, dès avril 2021, qui a lancé le mouvement Génération Z dans la Nièvre : « J’ai commencé en collant mes propres affiches, imprimées sur internet ». À ses frais, il a semé du “Zemmour Z022” bien avant sa candidature. Les jeunes avec Zemmour tapissent 80 points de collage identifiés sur l’agglo de Nevers, tard le soir ou tôt le matin, « quand il y a peu de passage », jusqu’à trois ou quatre fois par semaine, livrant un duel nocturne avec le PCF, seul à rivaliser dans le paysage politique.
Zemmour, j’ai plaisir à l’entendre, comme une bouffée d’oxygène… J’aime son franc-parler
Ils sont une vingtaine à être ainsi actifs dans la Nièvre. « Des étudiants, des autoentrepreneurs, des salariés. La plupart n’ont jamais voté, et n’ont été pour personne avant », témoigne Pierre-Michel. Lui vient du Rassemblement national, dont il était l’un des candidats aux Départementales 2021, à Nevers. Pourquoi ce changement ? « Je n’ai jamais suivi le RN pour la figure de Marine Le Pen. Elle ne m’a jamais pleinement convaincu. Si son but est d’arriver au pouvoir en changeant ses fondamentaux, c’est juste une logique électoraliste. Elle a fait un débat lamentable en 2017… Zemmour, j’ai plaisir à l’entendre, comme une bouffée d’oxygène, un puits de culture, qui parle économie, religion, histoire… J’aime son franc-parler. Il me semble être le meilleur choix. »
« Il assume pleinement ce qu’il pense, alors que Marine Le Pen, on ne sait plus trop où elle se situe », poursuit Romain. Éric Zemmour est « la première personne » qui lui a « donné envie de militer ». Comme beaucoup d’autres, il l’a découvert en vidéo sur internet. « Il avait le courage de dire des choses. » Exemple : « Le grand remplacement, beaucoup le constatent sans oser en parler. » Et puis « c’est un très bon débatteur ». La bête de scène a séduit Bryton : « Marine Le Pen, elle est molle. Lui, il est percutant. »
« La société dans laquelle on a grandi ne nous plaît pas »« Aujourd’hui, les gens s’empêchent de parler, pas lui », résume Pierre-Michel. Au-delà de cette parole décomplexée, les jeunes “zemmouriens” apprécient l’idée d’une France « forte, souveraine, avec des traditions et une culture ». « C’est lui qui l’incarne le plus » considère Bryton.
Une affiche arrachée, devant l'Isat à Nevers.
Vieille France ? « On a vu ce que le candidat de la nouvelle France donnait », répond Bryton. « C’est plutôt Macron qui a une pensée ringarde », ajoute Pierre-Michel. Qui avoue une forme de nostalgie d’une époque qu’il n’a pas connue : « On la connaît par ce que nos parents et grands-parents nous ont transmis. » Des parents de droite ou de gauche, tendance déçue. Pourquoi cette nostalgie ? « Parce que la société dans laquelle on a grandi ne nous plaît pas. On est contre la mondialisation, la chute de la culture, de la patrie, la langue française qui se délite, comme nos écoles… ».
« Les jeunes se retrouvent dans une société sans culture. Ce sont eux qui se sentent concernés par le discours de Zemmour », ajoute Romain, pour justifier l’engouement. Bryton dénonce une « décadence des mœurs », entre « rejet de l’autorité, du sacré, lobby LGBT ». Pensée raciste, homophobe ? « Ce sont des attaques qui interdisent le débat », regrette Pierre-Michel. « Marine Le Pen a accepté de se dédiaboliser alors qu’elle n’avait pas à le faire. Zemmour assume, il ne se considère pas comme un diable. Il ne s’excuse pas. »
Alain Gavriloff