La grande frénésie dans les supermarchés et les magasins de bricolage de Clermont-Ferrand
Commentées, partagées et souvent moquées. Sur les réseaux sociaux, les premières photos de files d’attente devant les supermarchés n’en finissaient pas de faire réagir. Avec une question simple placée tout en haut de la liste : « Pourquoi ? »
Pourquoi de longues files d'attente devant les supermarchés dans l'agglomération clermontoise ? Sans notre chariot mais avec cette question bien en tête, nous nous sommes glissés dans la file, en attente de réponses. Sincères parfois, étonnantes souvent.Au rayon de la bonne foi, Alain l’assure haut et fort : « Il n’y a rien à dire de particulier. Je viens deux fois par semaine, et ça tombe aujourd’hui. » Avant de recnnaître sans trop de difficulté : « Je vais en profiter pour acheter un peu plus, c’est vrai, car on sait jamais… »Ce doute, le directeur de l’Intermarché de Fontgiève à Clermont, Laurent Lafond, l’a bien cerné, bien malgré lui :
« J’ai fait 46 % de chiffre d’affaires en plus sur une seule journée. On s’est fait surprendre car la ruée a commencé avant les annonces du Président, on a dû renforcer nos effectifs. Je pense que les gens ont eu peur de manquer, ou de ne pas pouvoir s’approvisionner en habitant loin. »
Laurent Lafond, directeur de l'Intermarché de Fontgiève s'est fait surprendre par l'afflux de clients à la veille des annonces du Président. Les rayons épicerie (pâtes, lait, huile, farine, sucre), conserves et papier toilette ont remporté les suffrages. Photo Rémi DugneDans le rayon papier WC, il y aurait aussi de quoi être au bout du rouleau. Ici, Martine et ses deux paquets format familial sous le bras ne s’embarrasse pas d’arguments : « Tout le monde en prend, pourquoi pas moi ? S’il n'y en a plus, je fais quoi avec mes trois enfants ? » Imparable. Et puis il y a les petits malins, qui prennent discrètement un paquet de 24 rouleaux, avant de revenir en chercher un deuxième quelques minutes plus tard. On n'est jamais trop prudent.
Les magasins de bricolage pris d'assautDes files d'attente se sont formées tout au long de la journée devant l'enseigne de bricolage, qui a été obligée d'improviser des barrières en bois pour éviter que la file ne gêne la circulation.
Un confinement en approche, c’est aussi le retour des longues journées chez soi, où le temps peut parfois sembler plus long que celui passé sur le parvis d’un supermarché. Résultat, on anticipe aussi du côté des activités à venir comme le bricolage. Leroy Merlin, dans la zone du Brézet, avait des allures de magasins de jouets pour adultes. Si Pierre est venu faire le plein de peinture et de papier peint, Claude, en pleine restauration de sa maison à Chappes, a achéte du jonc de mer. Un revêtement de sol en tissage. « Il était hors de question que je poireaute des plombes comme ça... J'ai donc fait ma commande par téléphone et je suis passé tout récupérer à l'arrière du magasin ! » De son côté, près des caisses, Marc patiente. Il s’est déplacé tout spécialement depuis Brioude pour remplir sa remorque de parquet : « Je suis nul en bricolage mais j’ai décidé de me lancer. Je préfère m’occuper que de m’ennuyer. » De quoi irriter Jean-Marc qui, lui, a besoin de matériel pour son entreprise de plomberie :
« Après le jogging, ils vont tous se mettre à la peinture pendant le confinement ! Je n'ai jamais vu ça. Il faut leur dire que le bricolage c'est fatiguant... »
Pour les employés, l'attente en caisse était digne "d'une semaine de Noël".
Et quand la peur de manquer est trop grande, l’anticipation peut prendre des allures vertigineuses. Comme avec Paul. Ce retraité posait sur le tapis de caisse de son hypermarché ses premières courses… de Noël. Jouets, foie gras et langoustines pour une journée d’achats en tout genre plutôt indigeste.
Carole Eon