Comment une expérimentation inédite en France, a boosté les apprentissages au lycée La Fayette de Clermont-Ferrand
Entre février et mai 2019, une centaine d’élèves de bac pro et BTS du lycée La Fayette ont travaillé avec une cinquantaine d’étudiants de l’Isima sur des projets communs avec des temps de travail partagés. Inédite en France, cette expérience d'un apprentissage multi-niveaux a permis à chacun de s'enrichir des différences de l'autre.
Quand Jean-Marc Monteil pense à étendre l’expérience de Pro-Fan à des groupes multi-niveaux, il se dit que le lycée La Fayette, à Clermont, pourrait être un terrain de jeu idéal.
Logique. L’établissement dispose d’élèves en bac pro et de BTS ; et puis les élèves ingénieurs de l’Isima sont à proximité. Pro-Fan extension est né. L’idée : former ensemble pour travailler ensemble... L’expérience se déroule entre février et mai 2019. 140 élèves et 20 enseignants y participent. Entre les universitaires et l’enseignement professionnel, la collaboration ne va pas de soi : les deux mondes ont leurs propres représentations. Par groupe, les jeunes travaillent sur quatre projets communs liés à la robotique et à la maintenance industrielle.
Ils apprennent à collaborer, coopérer. Les élèves ingénieurs modélisent. Les BTS conçoivent ; et les bac pro soudent et fabriquent. Bref, chacun apporte ses compétences. En 40 heures, des projets concrets, comme la conception d’un robot, sont finalisés. Bluffant.
« Les résultats sont opérationnels et les solutions trouvées impressionnantes, expliquent Mickaël Valleix, directeur délégué aux formations au lycée La Fayette, et Christian Desseux, proviseur. Les élèves ingénieurs se sont rendus compte que pour fabriquer des pièces en 3D, les BTS étaient les mieux placés. Pour les élèves ingénieurs, ça leur fait aussi une expérience professionnelle d’encadrement. »
« En enrichissant le répertoire comportemental des personnes par les compétences acquises en formation multi-niveaux, il est possible de contribuer à satisfaire les exigences d’un recrutement de plus en plus attentif aux conséquences de la digitalisation sur l’organisation du travail ».
Jean-Marc Monteil conclut : « On peut imaginer mettre le multi-niveaux en place au niveau des formations continues, dans les entreprises, les administrations ».
Trois jours de colloque à Paris. En matière de numérique éducatif, l’Auvergne excelle. Le Clermontois Jean-Marc Monteil, ancien directeur de l’enseignement supérieur au ministère de l’Éducation, ancien recteur et ancien président de l’université Blaise-Pascal de Clermont, pilote la mission sur le numérique éducatif en France depuis 2015. L’objet ? Mesurer l’impact du numérique sur les apprentissages, dans un contexte où le digital va faire disparaître des emplois pour en faire naître d’autres, nécessitant des compétences sociales, comme la capacité à coopérer ou le sens de l’initiative. Mardi 15, mercredi 16 et jeudi 17 octobre, à Paris, le colloque e-Fran présente l’état des recherches menées dans le cadre de 22 projets lauréats d’un appel à projets pour le développement de territoires éducatifs d’innovation numérique, impulsé par le Clermontois Jean-Marc Monteil. Parallèlement, les premiers résultats de Pro-Fan, expérimentation lancée dans 109 lycées professionnels en France pour doter les élèves de nouvelles compétences d’intelligence sociale, d’autonomie, de prise d’initiative et d’appréhension cognitive, seront également présentés.
Nicolas Faucon