Bernard Sasia et Clémentine Yelnik présenteront samedi leur nouveau film « Mocky sans Mocky »
Après avoir emprunté à Robert Guédiguian ses personnages pour « Robert sans Robert », Bernard Sasia et Clémentine Yelnik ont fait de même avec le cinéma de Jean-Pierre Mocky. Samedi, ils seront à Aubusson.
Une autre manière de faire du cinéma
Le cinéma Le Colbert proposera samedi 20 avril un nouveau rendez-vous exceptionnel en accueillant Bernard Sasia et Clémentine Yelnik, les co-réalisateurs du film « Mocky sans Mocky », un long-métrage qui vient après « Robert sans Robert », sorti en 2013.
« Robert sans Robert » est le premier film de Bernard Sasia en tant que réalisateur« Robert sans Robert » est le premier film de Bernard Sasia en tant que réalisateur. Ce dernier à son actif, de nombreux en tant que chef monteur, notamment aux côtés de Robert Guédiguian, dont il a monté la plupart des réalisations. Il a travaillé également avec Pierre Carles (« La sociologie est un sport de combat », « Paris vu Pas Pris ») et quelques autres réalisateurs (Safy Nebbou, Zabou Breitman et François Dupeyron). Pour réaliser « Mocky sans Mocky », comme pour « Robert sans Robert », il a fait équipe avec Clémentine Yelnik, comédienne, actrice, metteuse en scène et réalisatrice. Elle s'est illustrée au Théâtre du Soleil, et a écrit et interprété « La nuit du roi » et « D'où va-t-on ? ». Clémentine Yelnik est actuellement en résidence à la Scène nationale d'Aubusson avec la Compagnie La présidente a eu 19-Laurianne Baudouin qui créera « Dreamagony » le 9 mai au Théâtre Jean-Lurçat (une pièce inspirée de l'œuvre de Brecht, « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny »). Clémentine Yelnik en est l'une des principales interprètes.
Bernard Sasia découvrira samedi Aubusson et son cinéma. Il s'est fait connaître du grand public en réalisant « Robert sans Robert ». Il a répondu à nos questions.
Pourquoi avoir autant attendu avant de réaliser votre premier film ? Avec « Robert sans Robert » je suis effectivement devenu réalisateur à part entière, c'est un film que je revendique. Mais, d'une manière générale, je préfère les comédiens derrière ma vitre plutôt que d'avoir à les diriger en étant derrière la caméra. Diriger les comédiens, c'est pas mon truc.
Pourtant vous avez un parcours classique Oui, je me suis formé dans une école de cinéma. Mais, j'ai tout de suite opté pour le montage.
« Robert sans Robert » illustre néanmoins votre désir de réalisation. J'ai monté la majorité des films de Robert Guédiguian. J'ai eu l'idée de reprendre tous ses films et de faire un film avec ses films. J'ai procédé pour cela à un montage-démontage. À l'occasion de « Marseille 2013 » des rétrospectives étaient en projet autour de l'œuvre de Guédiguian. J'ai eu l'envie de réaliser un film interactif en établissant des correspondances entre ses films. Mais, les premiers essais ne m'ont pas donné satisfaction. Avec Clémentine Yelnik, nous avons alors décidé de mettre le montage au centre du processus créatif, en donnant le point de vue du monteur. Nous avons utilisé les films sortis en salle. Nous sommes allés de l'image vers l'écrit en travaillant sans scénario établi. Nous avons voulu raconter Robert Guédiguian, le montage, les coulisses du cinéma et notre amour pour celui-ci.
Vous avez repris la même démarche avec Jean-Pierre Mocky. Pourquoi avoir choisi ce réalisateur ? J'ai eu l'occasion de rencontrer Jean-Pierre Mocky qui a à son actif plus de 60 longs métrages sans parler des séries pour la télévision. Il a débuté dans les années 1940. Il a été couronné par plusieurs prix. Son parcours est incroyable, son œuvre est fascinante. Le cinéma de Mocky est en phase avec toutes ces dernières décennies, il éclaire la société française, le monde des arts, les mœurs sociétales. Son œuvre n'est pas formatée, elle est personnelle et libre. Ce qui m'a intéressé c'est son cinéma totalement en marge du système. Je me suis projeté dans ses personnages, – Aznavour, Michel Blanc, Sylvia Kristel – pour observer notre monde, pour me pencher sur son évolution. Comme pour « Robert sans Robert », j'ai procédé à un montage-démontage. En toute liberté.
Contact. Cinéma Le Colbert, samedi 20 avril, 20 h 45.